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Non-Fiction
Le devenir-nègre du monde
Critique de la raison nègre Achille Mbembe Éditeur : La Découverte
Article mis en ligne le 10 mars 2014
dernière modification le 7 mars 2014

L’historien et politiste Achille Mbembe invite à penser le monde contemporain à l’aune de ce que fut la "condition nègre" depuis la traite atlantique, tout en dessinant une réflexion critique sur les potentielles dérives du capitalisme néolibéral.

L’historien distingue trois "moments" qui conduisent au "devenir-nègre du monde".

Ce processus est entamé au XVe siècle avec le début de la traite atlantique (le premier capitalisme), pilier de la modernité. Le "nègre" est alors considéré comme "homme-objet", "homme-marchandise". Le phénomène se poursuit jusqu’à l’ère du capitalisme néolibéral : Achille Mbembe voit en effet dans le néolibéralisme une pulsion consistant à transformer l’Homme en objet et à assurer une maîtrise illimitée sur l’ensemble du vivant. Se dessine alors le devenir d’un homme-machine, d’un homme-chose (comme pouvait l’être l’esclave), qui doit répondre "au double souci de se reproduire et de jouir des biens de ce monde", tout en s’adaptant sans cesse, dans une logique de court-terme, aux injonctions de la société. Achille Mbembe voit ainsi dans ce devenir de l’individu à l’ère néolibérale "une universalisation tendancielle de la condition nègre". Une telle société conduit finalement à une relégation des individus à une humanité superflue, livrée à l’abandon, dont le capital n’a guère besoin pour son fonctionnement. Ces deux moments – la traite atlantique et l’ère du néolibéralisme – sont entrecoupés par celui de la lutte pour l’émancipation – marqué par exemple par le mouvement pour les droits civiques, ou plus récemment la fin de l’apartheid. (...)