
Les techniques et pratiques de pouvoir en vigueur dans le système managérial présenté reposent à la fois sur l’appel aux valeurs partagées et sur la promesse de réalisation sociale de la personne. Ce faisant, elles permettent l’intériorisation du contrôle et l’exercice du pouvoir organisationnel par tous et sur tous. Ce sont avant tout des techniques de production de l’individu managérial.
Les pratiques managériales actuelles, reposant sur le postulat que l’esprit humain reste l’intégrateur de complexité le plus efficace pour fournir la réponse la plus adaptée face à un environnement mouvant, sont conçues de manière à favoriser l’autonomie, la capacité d’initiative et la responsabilité des acteurs tout en les orientant dans le sens des intérêts de l’organisation. L’attitude et les comportements du salarié seront progressivement orientés dans un sens productif via des pratiques dites de « développement de la personne »3, qui s’apparentent au développement du « savoir-être ». On retrouve ces pratiques dans toutes les actions de gestion qui impliquent une opération de jugement de la personne : recrutement, management de proximité, évaluation, orientation et gestion de carrière, formations comportementales, etc. Cette contradiction apparente entre jugement et développement de la personne est au centre des techniques de pouvoir que nous allons décrire. (...)