
Hôpitaux submergés, frontières fermées, bourses qui dégringolent : avec le coronavirus, les prophètes du grand effondrement, les collapsologues, s’en donnent déjà à cœur joie.
Figurez-vous que le salon du survivalisme a été repoussé à cause de l’épidémie. C’est ballot, ils auraient fait carton plein, et tout le monde serait reparti avec des kits de survie ou des capsules d’iode, on ne sait jamais.
Voire des gousses d’ail. (...)
On rit et on râle
Il est plaisant d’observer que nous abordons cette épidémie avec nos qualités intrinsèques : en bons Français, on rigole et on râle. En Chine, on a célébré Li Wenliang, médecin lanceur d’alerte, mort au combat contre le Covid-19, et des hôpitaux de campagne ont été construits en un temps record. En France, on s’est dit que c’était une bonne occasion de dénoncer le manque de moyens du système de santé : on veut des sous ! (...)
Entre les gens qui ne savent pas quoi faire de leurs gamins, les autres qui voudraient qu’on se barricade davantage, ceux qui ne savent pas comment boucler leurs fins de mois, personne n’est content.
Après plusieurs semaines de déni et de poignées de main faussement angoissées, tout le monde attendait des mesures restrictives. La situation est grave, enfin, mais que fait le gouvernement ? Une fois les mesures annoncées, on a gueulé que c’était n’importe quoi.
Aussitôt, on est devenus héroïques en allant défiler avec des « gilets jaunes », se promener dans les parcs ou en exigeant que les bars restent ouverts. Résistance ! Faut pas nous chercher, nous les Français ! Quand on bronze au jardin du Luxembourg, c’est façon Jean Moulin.
Guerre des trachées
Nous voici en train de contester l’état de siège, le cul propre dans notre fauteuil. Car on a allégrement dévalisé les supermarchés, inondant nos réseaux sociaux de rayons de pâtes et de PQ désespérément vides. Le gouvernement nous fait chier avec ses sermons, mais hors de question de mourir les fesses sales. (...)
Alors quoi ? Est-ce vraiment impossible pour nous de nous isoler quelque temps et de tenter de stopper un virus qui peut bouffer quelques centaines ou milliers d’entre nous ? Est-ce qu’on est uniquement confinés à la connerie ou capables, pour une fois, de faire preuve de discipline collective ? (...)
Il est temps d’arrêter de jouer au plus malin avec la maladie.
Désolé de gâcher l’ambiance, mais pendant que j’écris ces lignes, il y a sans doute quelqu’un qui est mort du coronavirus quelque part dans notre France insouciante et rigolarde. Ça fera un chiffre dans la presse demain.