
– La semaine dernière, alors que les dirigeants politiques et du monde des affaires se réunissaient au Forum économique mondial sur l’Amérique latine, au milieu des palmiers de la Riviera Maya, au Mexique, la police militaire était occupée à défendre la deuxième ville du pays face à un gang de trafiquants de drogue qui venait d’abattre un hélicoptère de l’armée à l’aide d’une roquette.
(...) Vues depuis le forum économique mondial, qui s’est tenu de mercredi à vendredi dans une station balnéaire protégée et privilégiée de la côte caribéenne du Mexique, le problème des villes latino-américaines gangrénées par le crime pouvait sembler bien distant. (...)
Plusieurs séminaires et ateliers du forum ont analysé les problèmes, étroitement liés, de la corruption dans les milieux politiques et du crime en Amérique latine. Des intervenants issus de grandes organisations humanitaires internationales et de groupes de défense des droits de l’homme ont participé aux débats et souligné le rôle croissant joué par les humanitaires dans la région.
Lors d’une session sur le rétablissement de la confiance de la population envers les institutions, le secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty, a dit au public que la région comptait les villes les plus violentes du monde, mais que seulement 24 pour cent des meurtres débouchaient sur une condamnation.
« De mon point de vue, les villes d’Amérique latine sont dans un état permanent de guerre de faible intensité », a dit M. Shetty à IRIN en marge de l’évènement. « L’impact et les conséquences ne sont pas différents de ceux d’un conflit de grande ampleur. »
M. Shetty a également critiqué la répression musclée des manifestations de masse par les gouvernements, ce qui, selon lui, contribue à la violence urbaine. (...)
Signe de l’intérêt croissant des humanitaires pour la violence urbaine en Amérique latine, Amnesty International a ouvert un bureau régional à Mexico début mai et prévoit également de s’installer à Lima, au Pérou.
La cause des jeunes
« Le Mexique est stigmatisé par les questions de crime, d’insécurité et de narcotrafic », a dit le président mexicain, Enrique Peña Nieto, dans le cadre du forum. Il a souligné que la moitié de la population avait moins de 27 ans et que le chômage de masse et les fortes inégalités incitaient les jeunes à intégrer des gangs criminels et à commettre des crimes violents. (...)
Dans une autre discussion du forum relative à la résilience urbaine, le maire de Mexico, Miguel Ángel Mancera Espinosa, a souligné l’importance pour les groupes de la société civile de faire participer les jeunes à des programmes éducatifs et à des activités sportives.
« Les jeunes n’ont pas autant de patience que les générations plus âgées, alors ils ont davantage de colère et d’attentes », a remarqué M. Shetty.
La question de l’espace public
Aníbal Gaviria, maire de Medellín, la deuxième ville de Colombie, a expliqué lors du Forum à quel point la réappropriation de l’espace public par la création de parcs et la modernisation du système de transport avait changé les choses dans ce qui était autrefois l’une des principales plaques tournantes du trafic de drogue en Amérique latine. (...)
Intégrer les nouvelles technologies
Le rôle des nouvelles technologies est souvent revenu dans les débats du forum. Plusieurs intervenants ont souligné comment l’utilisation des réseaux sociaux et des applications internet pouvait à la fois favoriser les crimes violents et aider à les combattre. (...)