
Enfant, elle a été ballottée de familles d’accueil en foyers, avant de basculer à 18 ans dans l’errance de la rue et la prostitution. Comme Claudia, d’anciens enfants placés se battent pour que des milliers de jeunes ne soient pas livrés à eux-mêmes à leur majorité.
"Ils sont censés nous protéger, et puis du jour au lendemain, ils nous abandonnent !", enrage la jeune fille, 20 ans aujourd’hui, "en colère" contre les services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
Constatant qu’un quart des sans-abri âgés de 18 à 25 ans ont été des enfants placés, un collectif récemment créé, #LaRueÀ18Ans, plaide pour que les jeunes concernés soient systématiquement accompagnés une fois adultes, jusqu’à leur pleine insertion dans la société.
La solution, expliquent ces militants, doit passer par les "contrats jeunes majeurs", des dispositifs permettant de maintenir, parfois jusqu’à 21 ans, une assistance éducative et financière.
Pour l’heure, difficile de savoir combien de jeunes majeurs en bénéficient, ou à l’inverse sont "lâchés dans la nature" à leur majorité. (...)
Parallèlement, l’exécutif a confié à d’anciens enfants placés l’élaboration d’un référentiel recensant les bonnes pratiques à mettre en place par les départements, notamment pour que les jeunes aient accès à un logement, ou pour qu’ils puissent choisir un adulte référent chargé de les épauler.
Le problème, pour les membres du collectif, c’est que ce dispositif repose sur la bonne volonté des collectivités locales, mais ne les contraint à rien. (...)
Du côté de l’Association des départements de France (ADF), on indique "partager l’objectif" d’un maintien du suivi, mais on souligne que l’Etat doit compenser les coûts.
Pour l’heure, un grand nombre de conseils départementaux "se sont désengagés" de cette problématique, déplore la députée (LREM) Brigitte Bourguignon, qui vient d’être chargée par le gouvernement d’une mission de réflexion sur ces questions. (...)
Lorsqu’on se retrouve seul à 18 ans, "il faut avoir un sacré caractère pour s’en sortir", confirme Perrine Goulet, députée LREM qui a créé la surprise en révélant en novembre, dans l’hémicycle de l’Assemblée, qu’elle avait été une enfant placée.
L’élue de la Nièvre, rapporteure d’une autre mission d’information sur l’ASE, dit n’avoir pas subi ce problème de "sortie sèche" à 18 ans, mais milite pour que l’accompagnement devienne un "droit opposable". Les départements, souligne-t-elle, "doivent se comporter comme n’importe quel parent, en aidant les jeunes dont ils ont la charge jusqu’à ce qu’ils soient vraiment insérés, même si c’est à 24 ans".