
Comment ne pas être sidéré par les débats qui émaillent cette rentrée politique ? Identité nationale, burkini, islam de France, et demain, à n’en point douter, une résurgence de la place des menus de substitution dans les cantines scolaires ou celle des crèches de Noël dans les mairies… Sans oublier une surenchère sécuritaire frénétique qui semble emporter la plupart de la classe politique dans un tourbillon sans fin de propositions chocs destinées à alimenter le buzz.
Le burkini, cet obscur objet du débat public. Et demain : les crèches de Noël dans les mairies et les repas de substitution dans les écoles ? bellmon1/Flickr, CC BY-NC
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Comment ne pas être sidéré par les débats qui émaillent cette rentrée politique ?
Identité nationale, burkini, islam de France, et demain, à n’en point douter, une résurgence de la place des menus de substitution dans les cantines scolaires ou celle des crèches de Noël dans les mairies… Sans oublier une surenchère sécuritaire frénétique qui semble emporter la plupart de la classe politique dans un tourbillon sans fin de propositions chocs destinées à alimenter le buzz.
Amoncellement de nuages
Pour un peu, on en oublierait presque que des nuages bien plus tenaces et menaçants continuent de s’amonceler au-dessus des maisons française et européenne. Que la timide embellie sur le front de l’emploi masque, en réalité, un décrochage continu en matière de qualité de celui-ci. Que la réforme urgente du marché du travail, à l’heure où le modèle traditionnel de l’entreprise est remis en cause par les plateformes d’uberisation et autres « turcs mécaniques », se fait toujours attendre.
Et aussi qu’une poignée de multinationales parvient à s’exonérer toujours davantage de l’impôt, certaines (ab)usant de savants mécanismes d’évasion fiscale quand d’autres négocient habilement sur fond de chantage à l’emploi. Que des multinationales (parfois les mêmes) bravent quotidiennement la souveraineté numérique des États, participent à leur espionnage industriel et diplomatique, tout en faisant fi de toute forme de respect de la vie privée des individus.
Que la politique monétaire de la Banque Centrale européenne, à force d’abuser du quantitative easing (par excès de crainte de voir éclater une bulle), trahit une vision (ultra) court-termiste qui ne cesse d’ébranler les fondations du système bancaire). Que les dettes souveraines des pays émetteurs atteignent de tels sommets que la stabilité du système financier international ne tient plus qu’au crédit que les fonds accordent en la capacité des États à renouer – un jour – avec la croissance. Et que les effets économiques du Brexit se font encore attendre alors que le front politique et social européen montre d’inquiétants signes de désunion…
(...) Françaises, Français, vous mangerez du burkini jusqu’à l’écœurement. Et il y a une raison de stratégie électorale à ce battage médiatique : sidérer l’opinion pour mieux la mystifier.