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Plume de Presse
Le bouclier fiscal, emblème antisocial
Puisque le président-des-riches n’en démord pas : mordons encore !
Article mis en ligne le 7 avril 2010
dernière modification le 6 avril 2010

Alors que, même à droite, des voix s’élèvent pour contester le bouclier fiscal, Sarkozy ne veut toujours rien savoir et entend maintenir, coûte que coûte, un dispositif pourtant objectivement antisocial, chiffres à l’appui. Le point complet sur ce débat qui embrasse l’économie, la morale et la philosophie politique, sur l’éternelle ligne de démarcation entre la droite et la (vraie) gauche, entre accaparement des richesses capitaliste et redistribution socialiste.

...A l’autre bout du spectre, se trouvent 979 personnes, dont le patrimoine dépasse 16 millions d’euros et le revenu fiscal de référence est supérieur à 43 761 euros. Elles représentent 6% des bénéficiaires du bouclier mais s’en sont partagé 63%, soit 368 millions, dont 9 millions d’autoliquidation sur ISF. Dans leur cas, le montant moyen de la restitution atteint 376 134 euros. ...

Voilà donc la réalité du dispositif : des miettes pour moins de 9000 contribuables modestes et un énorme gâteau pour les super-privilégiés barbotant déjà dans l’opulence la plus obscène.

...c’est là qu’Eric Woerth-le-magnifique nous cloue en plein vol : ça paraît peut-être juste, mais ce n’est pas fiscalement juste ! Trop fort. Bon sang, les impôts possèderaient donc leur justice spécifique. Qui est, m’sieur le ministre ? Ah, le bouclier fiscal, c’est donc ça. Dans un monde où les inégalités nous sautent à la gueule, où une petite caste de privilégiés se goberge à coups de salaires somptueux et de golden tout ce que vous voulez, gagnant davantage en quelques mois qu’un smicard n’aurait pas assez de son existence entière pour jamais acquérir, il est juste que ceux qui possèdent le plus continuent à amasser, pour être sûr que l’écart continue bien de croître, que les riches soient encore et toujours plus riches. C’est ça qui est juste. Enfin, entendons-nous : "fiscalement juste".Ou comment annexer tranquillement ce beau mot de "justice" pour légitimer la confiscation des richesses de la collectivité au profit d’une élite économique !

...Huit millions de pauvres en France, comptabilise l’Insee. Mais pour aider ceux-là, l’Etat n’a pas d’argent ! Alors comment justifier que le demi-milliard d’euros remboursé avec zèle aux protégés du bouclier fiscal ne soit pas à la place affecté à ceux qui en ont en vraiment besoin ? Quelle philosophie adopter pour parvenir à trouver normal que les inégalités se creusent toujours davantage entre ceux qui n’ont rien - le peuple - et ses élites économiques qui vivent comme des rois ? Au nom de quel humanisme est-ce légitime que certains gagnent en quelques mois des sommes qu’un Smicard ne parviendrait pas à approcher durant sa vie entière, usée à travailler plus pour gagner plus ? A l’argument qui dénonce le caractère confiscatoire de l’impôt, la réponse est donc simple : au lieu de regarder combien on prend, voyons combien il reste et on en reparle ensuite !...