
Chronique d’une folie annoncée, où le véritable fou n’est sans doute pas celui que l’on croit, mais bel et bien notre société dans laquelle tout un chacun souffre d’une pathologie moderne.
Moi, fou est le deuxième tome de la « trilogie égoïste » d’Antonio Altarriba et Keko après le Moi, assassin, grand prix de l’ACBD en 2015, et dont le troisième tome, Moi, menteur, est attendu pour 2020.
Bien qu’il soit possible de lire les volumes de manière totalement indépendante, on ne saurait que conseiller de lire Moi, assassin avant de démarrer et de sombrer dans le récit de Moi, fou. Plusieurs personnages du tome 1 font une apparition, ainsi que des échos à certaines cases qui permettent de relier les récits entre eux, même s’ils ne sont pas directement connectés. Ces caméos et ces références laissent supposer que des fils finiront par se dénouer dans le tome 3. (...)
Le scénariste, Antonio Altarriba est un universitaire, écrivain, essayiste et donc scénariste de bandes dessinées, notamment récompensé pour le premier tome de son diptyque biographique sur sa famille et la guerre civile espagnole (...)
Ángel Molinos, qui emprunte ses traits à Antonin Artaud, est le personnage principal de cette intrigue qui conduit le lecteur sur les sentiers de la folie. Le protagoniste, dramaturge ayant renoncé à l’écriture et converti en psychologue, travaille désormais pour Otrament, l’Observatoire des Troubles Mentaux, filiale de l’entreprise pharmaceutique étatsunienne Pfizin. Il est chargé de créer de nouvelles pathologies mentales dont les traitements chroniques permettent un enrichissement considérable de l’entreprise. (...)
La trame la plus évidente est une critique acerbe du système néolibéral et, plus particulièrement, de l’industrie pharmaceutique qui exploite le mal-être individuel et la multiplication des troubles psychologiques pour générer chaque fois plus de profit au détriment de la lettre du serment d’Hippocrate. (...)