
Alors que le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » publie ce mardi matin trois études montrant les risques professionnels bien réels sur la santé, le professeur William Dab s’inquiète d’un manque de données et de recherches pour mener de réelles politiques de prévention.
Des données inédites, d’abord : dans le monde agricole, la très forte proportion de symptômes dépressifs peut atteindre 14,7% chez les hommes, et 21% chez les femmes. Autre information : la prévalence de l’asthme est supérieure chez les salariés agricoles à celle de la population générale en raison de l’air qu’ils respirent. Enfin – et c’est assurément un des chiffres les plus inquiétants –, une étude montre que plus d’un million de travailleuses en âge de procréer sont exposées à des solvants oxygénés, dangereux pour elles et pour le fœtus. (...)
" mais il reste ce constat qu’en matière de prévention, nous manquons cruellement d’enquêtes. Or, pour savoir où l’on veut aller, il faut savoir d’où l’on part. Aucune gestion des risques sanitaires au travail n’est envisageable sans mesure. Comme on dit, on ne peut gérer que ce que l’on mesure, et on ne croit que ce que l’on voit. » (...)
défaut typiquement français : dès qu’apparaît un problème, on adore le résoudre par des règlements et des normes, cela satisfait tout le monde même si dans les faits leur efficacité est douteuse. (...)
" le problème est que nous n’avons pas une école de santé au travail, ce qui explique les retards de pratiques. Il faut développer les politiques de prévention qui reposent sur des preuves. Quand on note, comme le montre cette étude du BEH, qu’un million de femmes en âge de procréer sont exposées à des produits dangereux, alors on a des éléments pour exiger des plans de prévention. » (...)
commande par le Premier ministre en janvier 2018, d’un rapport sur la santé au travail, à la députée LREM du Nord, Charlotte Lecocq. Ce travail a été rendu public fin août 2018. Il était de qualité, tout le monde a été d’accord sur les constats. Et le gouvernement, dans la foulée, a annoncé un projet de loi pour 2019. Mais, depuis ce mois d’août, rien. Tout est à l’arrêt. « Pourquoi ? Où sont les blocages ? » s’interroge William Dab. Le mal français serait-il désespérément chronique ?