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le Monde
La réponse laïque de lycées marseillais face à l’essor des « tenues islamiques »
Article mis en ligne le 4 mai 2014
dernière modification le 28 avril 2014

(...) Loubna et Alain contrôlent le « check-point » entre le monde des cités et celui de l’école. Deux conditions pour passer : carnet de correspondance et chevelure libre. Sans qu’on lui demande quoi que ce soit, Samia ôte la partie supérieure de sa tenue couvrante, son jilbeb. Elle roule dans son sac la cape, assortie à sa jupe, qui couvrait ses cheveux et flottait sur son buste, enfile son long gilet et rejoint ses copines.

A l’entrée de La Calade, le déshabillage est quotidien. « Parmi nos 500 élèves, une dizaine arrive en tenue intégrale », recompte mentalement la proviseure Marie-Pierre Van Huffel qui reconnaît l’augmentation du phénomène.

Lire : La mixité, fil conducteur de la politique du recteur d’Aix-Marseille

Les longues jupes noires ou foncées, les sarouels passent l’entrée. S’agit-il de signes religieux ? « Quand ces tenues sont apparues il y a deux ans, le recteur d’alors a posé cette règle simple que les vêtements achetés par des circuits islamiques étaient des signes religieux », rappelle la proviseure. Depuis, les jeunes filles concernées plaident, même si personne ne s’y trompe, que leur jupe provient de la grande distribution…

A La Calade, la tenue n’est pas complétée par des gants, alors qu’au lycée général Saint-Exupéry, dans les quartiers nord aussi, il a fallu les interdire. « Saint-Ex » compte dans ses 1 500 élèves une trentaine de filles qui arrivent en jilbeb. Le proviseur, Olivier Briard, a fait installer un miroir en pied dans son hall pour qu’elles puissent réajuster leur voile à la sortie.

Si Marie-Pierre Van Huffel estime que « ces tenues sont un problème parmi bien d’autres », Olivier Briard trouve que cela « mobilise beaucoup d’énergie. Le sujet est récurrent dans tous les conseils d’administration et divise l’équipe éducative ». En 2013, il a organisé une demi-journée pour réfléchir, faire adopter une ligne commune à ses 162 enseignants et ses surveillants – qui viennent des mêmes quartiers que les élèves. « Après des débats houleux, nous avons réécrit le règlement intérieur et y avons ajouté une “démarche laïque d’intégration”. Aujourd’hui, j’affirme qu’on tient… Mais je ne sais pas pour combien de temps », ajoute-t-il. (...)