En 48 heures, le climat a radicalement changé entre les deux pays. Jeudi, dans la foulée des incidents graves qui se sont produits près de la frontière égypto-israélienne, avec l’attaque d’un bus et de véhicules israéliens par des hommes armés, Israël a mené plusieurs opérations de représailles.

(...)La rue égyptienne a réagi plus vite que le pouvoir. Dès vendredi, des centaines de personnes ont commencé à manifester devant l’ambassade d’Israël au Caire, qui sont devenues des milliers samedi, exerçant ainsi une forte pression sur le pouvoir de transition. (...)

Le gouvernement égyptien a fait savoir qu’il réclamait des excuses d’Israël pour la mort de ses officiers. Après une réunion d’urgence des principaux dirigeants de l’’Etat hébreu, Israël a répondu par des « excuses verbales », ce qui a été jugé insuffisant par Le Caire qui exige des « excuses officielles ». (...)

Cette crise diplomatique est la plus grave depuis le changement de régime en Egypte en février, et le signe de la fin d’une époque. (...)

En quelques mois, le paysage du Proche-Orient a été totalement bouleversé.

– L’Egypte a changé de régime et est en transition ; Oui, mais vers quoi ?

– La Syrie s’enfonce chaque jour d’avantage dans la guerre civile avec un pouvoir dictatorial qui envoie les chars contre son peuple ;

– Le Liban est fragilisé par les tensions internes, elles-mêmes alimentées par l’instabilité régionale ;

– Les Palestiniens, divisés entre le Fatah à Ramallah et le Hamas à Gaza, se préparent à lancer le 20 septembre le défi de la reconnaissance internationale de son hypothétique Etat devant l’assemblée générale des Nations unies. L’actuelle flambée de violence vient troubler le compte à rebours ;

– Enfin, Israël connait le mouvement social le plus important de son histoire, centré sur les inégalités internes, mais qui pèse sur le gouvernement le plus à droite que l’Etat juif ait jamais connu.

La violence menace de reprendre ses droits dans cette région, sauf si le pouvoir de la négociation et de la politique parvenait à reprendre le dessus. Mais avec Barack Obama de plus en plus impuissant et l’Europe engluée dans la crise financière, le Proche-Orient risque d’être laissé à lui-même. Et à ses démons.(...) Wikio