
Forêts qui piègent le dioxyde de carbone, mangroves qui protègent les côtes, résilience des milieux riches de leur biodiversité... les écosystèmes offrent naturellement une protection contre le changement climatique, justifiant leur préservation et leur restauration, explique l’auteure de cette tribune.
(...) si elles ne peuvent se substituer à des réductions fermes des émissions de gaz à effet de serre (GES), la protection et la restauration des espaces naturels dégradés offrent une opportunité relativement peu coûteuse et facile à appliquer pour réduire les émissions de GES. Une étude récemment publiée dans Science a démontré qu’entre 1990 et 2007, les forêts ont permis d’absorber un sixième des émissions de CO2 produites par les énergies fossiles entre 1990 et 2007.
Lors d’un événement organisé à l’occasion de la COP 21, à Paris, la semaine dernière, Jane Alice Razanamiharisoa, du Bureau national de coordination du changement climatique de Madagascar, a présenté son expérience en matière d’intégration des politiques climatiques et de protection de la nature. La restauration des mangroves et des forêts a permis à l’île, en plus de renforcer ses puits de carbone et sa biodiversité, de diversifier les activités génératrices de revenus pour les populations locales. Ces approches fondées sur la protection et le renforcement des écosystèmes procurent de nombreux bénéfices tout en étant avantageuses financièrement. (...)
Une étude parue récemment dans le journal Nature fournit de solides preuves qu’une biodiversité abondante renforce les écosystèmes face aux événements climatiques extrêmes. (...)
Au sein de la Convention des Nations unies sur le climat, le programme Redd+, qui fait référence à la réduction des émissions liées la déforestation et à la dégradation des forêts, est le principal exemple d’intégration de la nature et du climat au niveau national. Pourtant, davantage de solutions existent.
L’idée n’est pas de favoriser la plantation d’arbres à tout va, ce qui risquerait d’encourager l’accaparement des terres et de mettre à mal la sécurité alimentaire, mais bien de restaurer des zones actuellement dégradées afin de maximiser leur potentiel en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. (...)
En septembre 2011, le « défi de Bonn » a été lancé lors d’un événement réunissant des dirigeants du monde entier. Son objectif est de restaurer 150 millions d’hectares de terres et forêts dégradées d’ici à 2020. Plus de 20 pays se sont déjà engagés à réhabiliter 60 millions d’hectares de terre et les promesses continuent d’affluer. Si l’objectif était atteint, il nous permettrait de séquestrer 47 gigatonnes de CO2, soit environ l’équivalent d’une année entière d’émissions de CO2 dans le monde. (...)
Il ne s’agit pas seulement des forêts, mais de toute une série d’écosystèmes marins et terrestres. Contrairement aux infrastructures grises, la nature peut largement prendre soin d’elle-même si on la laisse tranquille.