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le Monde Diplomatique
La méthanisation, stade suprême de l’agriculture industrielle
#methanisation
Article mis en ligne le 2 décembre 2022
dernière modification le 1er décembre 2022

La guerre en Ukraine ravive la dépendance européenne, et française, aux importations de gaz. Présentée un peu rapidement comme une solution écologique pour garantir une souveraineté en matière de production, la méthanisation reste loin de tenir ses promesses. Un développement massif sur le modèle actuel comporterait des conséquences néfastes tant pour l’agriculture que pour l’environnement.

(...) Les lisiers ou fumiers issus de l’élevage émettent du méthane, un gaz au redoutable effet de serre quand il s’échappe dans l’atmosphère. La méthanisation vise à récupérer ce gaz pour produire de l’électricité et de la chaleur ou, après épuration, pour l’utiliser comme carburant dans les réseaux de gaz naturel, les bouteilles à usage domestique et tous les véhicules adaptés. Les procédés consistent à faire fermenter par voie liquide ou solide diverses matières appelées intrants dans un milieu sans oxygène. Des micro-organismes décomposent la matière organique en émettant plusieurs gaz : méthane, dioxyde de carbone, etc. Le « digestat » restant est ensuite épandu dans les champs comme fertilisant. (...)

Parée de vertus sur le papier, la production de biogaz rencontre pourtant de plus en plus d’oppositions locales. Outre les mauvaises odeurs qui mobilisent contre elles de nombreux voisins, l’usage des digestats n’est pas sans incidence sur l’environnement, en particulier les rivières. Mais, au-delà des remèdes à apporter aux multiples nuisances, deux visions de la filière s’opposent : d’un côté, un écosystème avec de petits méthaniseurs, consommant et produisant ce dont il a besoin localement, à l’échelle d’une exploitation ; de l’autre, un système productiviste qui repose sur d’immenses méthaniseurs, centralisant les lisiers de dizaines de fermes, et qui vise à produire de grandes quantités d’énergie à répartir sur un réseau national ou à vendre à l’étranger, avec de plus grosses centrales — mais qui ne se contente plus de recycler et doit être alimenté par une production accaparant une partie des surfaces agricoles. (...)