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La liberté d’expression comme ressource terroriste
Article mis en ligne le 28 septembre 2012

Depuis le 11 septembre dernier, l’affaire de la bande annonce d’un film sans doute inexistant, « L’Innocence des musulmans », mobilise quelques douzaines de gouvernements, produit ses morts quotidiens et ses manifestations de musulmans en colère, et nous oblige, chacun, à nous demander ce qui est en train d’arriver à la liberté d’expression.

Car pour une fois, les producteurs du « blasphème » supposé ne prétendent pas avoir fait œuvre d’art et ils ne revendiquent pas la liberté de création pour leur navet.

En 1989, Salman Rushdie a pu prétendre ne relever que de la seule liberté de créer des fictions qui n’exprimeraient rien d’autre que le chaos du monde intérieur de « l’immigré » : de ce fait, aucune opinion de ses personnages ne saurait lui être attribuée, ni même la responsabilité d’avoir conçu ces personnages, dont chacun est d’ailleurs fait de pièces et de morceaux impossibles à résumer en une formule. La difficulté de sa position tenait à ce que, la liberté de création n’étant reconnue dans aucun droit existant, la seule base possible de la défense de Rushdie fut la liberté d’expression : outre son droit à vivre, son droit à publier Les Versets sataniques.

En 2005-2006, les fameux dessins représentant Mohammed figuraient dans une enquête du journal danois le Jyllands Posten sur la liberté d’expression : la peur et l’autocensure de nombreux artistes danois devant la pression d’intégristes musulmans interdisant de critiquer leur version de l’islam, et en particulier l’interdiction de représenter de Prophète dans un ouvrage pédagogique destiné aux adolescents. (...)

la manière dont la liberté d’expression est instrumentalisée dans cette affaire doit être mise en évidence. Si l’on considère le théâtre de l’affaire dans son entier, on trouve, d’une part des réseaux lâches de défenseurs de l’Occident qui fabriquent une provocation (L’Innocence des musulmans) et font un usage terroriste de la liberté d’expression ; et d’autre part des commandos fondamentalistes musulmans non unifiés qui réceptionnent cette provocation avec avidité. (...)