
En temps de guerre, les biens culturels sont des cibles de choix. Décryptage d’un crime contre la mémoire.
Depuis une dizaine d’années, la chercheuse espagnole Dacia Viejo-Rose travaille en terrain miné. Son objet d’étude : la destruction du patrimoine culturel en temps de guerre et sa difficile reconstruction. Un sujet qui redevient d’actualité à chaque conflit :
« En période de conflit, les belligérants arment la culture. Ils l’utilisent telle une bombe à retardement dont ils ont réglé l’heure et le jour d’explosion.
Le patrimoine culturel n’est pas seulement matériel. Il se compose d’une part d’intangible et de symbolique. »
Et c’est cette part qui est de plus en plus touchée dans les conflits. La chute des combattants ennemis ne suffit plus, c’est au tour des symboles de l’identité culturelle de l’adversaire de tomber. (...)
La destruction des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan par les talibans il y a dix ans, et celle du centre-ville de Dubrovnik (Croatie) par l’armée serbe pendant la guerre de 1991-1995, reflètent cette réalité.(...)
Il ne s’agit plus de simples dommages collatéraux, d’actes de pillage, mais d’une destruction systématique : une orchestration du déni de l’autre, de son passé.(...)
En période de conflit, les tensions identitaires et culturelles se condensent et s’exacerbent. Le patrimoine culturel devient un enjeu national central, tributaire de la propagande. (...)
La phase de reconstruction est d’autant plus sensible que les séquelles sur les notions de mémoire et d’identité sont persistantes.(...)
Les Balkans restent inflammables, espérons que la reconstruction active menée par la communauté internationale dans la région ne déclenche une nouvelle bombe à retardement.(...)
Wikio