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Jean-Marie Harribey, pour Alternatives Economiques
La crise capitaliste, la dette publique, le productivisme…, comment tout ça est lié ?
Article mis en ligne le 12 décembre 2011
dernière modification le 10 décembre 2011

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont mis d’accord pour proposer à leurs partenaires européens de constitutionnaliser le nouveau triple A qui vient de sortir : Austérité salariale + Austérité monétaire + Austérité budgétaire. Et nombreux éditorialistes d’approuver à l’instar de : « L’accord Berlin-Paris, enfin une bonne note » (Éditorial du Monde, 7 décembre 2011).

En bonne pédagogie, quand on attribue une note, on doit s’appuyer sur des référentiels. Qu’on en juge…

L’origine de la crise de l’euro ? La dette grecque ou bien trop de dépenses publiques ! Rien sur les politiques menées depuis plus de trente ans : circulation des capitaux, dérégulation et liberté des marchés financiers, défiscalisation des riches, baisse relative des salaires et hausse importante des dividendes qui sont recyclés en placements financiers, emballement du crédit pour nourrir la spéculation, récession aggravée par l’austérité, etc. (...)

La solution ? La règle d’or imposant l’équilibre budgétaire à tout jamais, quels que soient les circonstances et les besoins collectifs, sous peine de sanctions financières encore plus sévères que celles prévues par le Pacte de stabilité ! Rien pour que la Banque centrale européenne soit une vraie banque centrale[1] autorisée à prêter directement aux États. Rien pour que, à défaut, le Fonds européen de stabilisation financière et le Mécanisme européen de stabilisation qui lui succèdera à partir de juin 2012, ne jouent ce rôle. Rien donc qui permettrait de stopper net la hausse des taux d’intérêt exigés sur les bons d’État, véritable usure moderne.
(...)

Dans les milieux alternatifs, notamment l’altermondialisme, on a trop souvent commis une double erreur : viser le libéralisme au lieu du capitalisme et confondre les différentes facettes du néolibéralisme. (...)

Ceux qui, au nom d’une autre idée de l’Europe, avaient combattu le traité de Maastricht, puis le projet de traité constitutionnel, puis le traité de Lisbonne, avaient raison : la logique de ces traités nous plaçait au centre de l’engrenage conduisant à la crise mondiale. Si l’an prochain, François Hollande et le PS s’engageaient à suivre Merkel et Sarkozy, il faudrait dire adieu pour un bon bout de temps à la transformation sociale.

On ne peut être davantage rassuré par les explications pour le moins étonnantes d’un écologiste de renom, Alain Gras[4], qui nous dit que l’explosion de la dette publique provient de trop de croissance économique et que le choc pétrolier de 1973 a déclenché le processus d’endettement public qui a conduit à interdire le recours du financement auprès de la Banque de France, alors que cette décision est antérieure de près d’un à ce choc et qu’elle a été prise pour pouvoir développer un marché des obligations publiques, ainsi que l’a rapporté son auteur, Valéry Giscard d’Estaing. (...)

D’un côté, Hollande nous promet la croissance économique pour sortir de la crise de la dette publique, de l’autre Gras nous dit que c’est au contraire la décroissance qui nous l’aurait évitée et qui nous en défera. Aucun n’a l’idée d’une transition pour passer d’une trajectoire productiviste à une autre, écologique.

Les gérants du capitalisme, eux, comprennent qu’il leur faut assurer une transition vers moins de démocratie pour sauvegarder ce qui est essentiel à leurs yeux : la rente financière pour le capital. (...)

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