
« Au Soudan, c’est un code restrictif ; en Egypte, ce sont des principes généraux. » Qu’en est-il de la Libye post-Kadhafi ?
(...) Coupera-t-on bientôt la mains des voleurs à Tripoli ? Depuis que Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition (CNT), a déclaré que la principale source de la législation libyenne serait la charia, l’Occident n’est plus qu’interrogations et inquiétude : et si on s’était trompés ? Et si en chassant Kadhafi, on avait fait place aux coupeurs de main ?
Du calme, rassurent les spécialistes du droit musulman contemporain. L’instauration d’une constitution inspirée par la religion n’est pas une surprise. La Libye est un pays musulman, très conservateur. Les révolutionnaires libyens ont d’ailleurs fait référence à la charia dès le mois d’août.
Le chercheur en sciences politiques Saïd Haddad rappelle que la législation libyenne est basée sur le code islamique depuis 1994 et que le risque d’une application maximaliste de ses principes semble incertain :
« Les islamistes font et feront partie de la scène politique libyenne ; les Frères musulmans étaient une force d’opposition mais pour l’instant rien ne présage une dérive islamiste. » (...)
selon l’interprétation qu’on fait des textes coraniques et de la Sunna (la tradition, une des source de la charia), on peut, certes, lapider une femme au nom de la charia ou, à l’inverse, avoir un code pénal progressiste.
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Concrètement, que la charia soit désormais la source de la législation libyenne signifie que lorsqu’il s’agira pour le parlement libyen d’adopter des lois, il faudra que ce soit en conformité avec la loi islamique. Jusqu’à quel point ? Pour Baudoin Dupret, il est impossible de prévoir le contenu que donneront les dirigeants libyens à la charia :
« Il pourra être rétrograde comme progressiste… La composition du CNT ne donne pas d’indication sur la direction idéologique qu’ils vont prendre. Abdelajalil, président du CNT, est l’ancien ministre de la Justice de Kadhafi, connu pour ses idées conservatrices, je ne suis pas sûr qu’il ait une conception très progressiste de la charia. »
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En Tunisie, l’un des pays musulmans les plus progressistes notamment pour les droits de la femme, les islamistes du parti Ennahada, interdit sous Bourguiba et Ben Ali, se sont engagés à ne pas appliquer la charia.
(...) Wikio