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La Nuit debout devient un succès populaire
Article mis en ligne le 6 avril 2016

Les jours passent, et la place de la République ne désemplit pas. Pour ce « mardi 36 mars » — soit le 6e jour après la date fondatrice du mouvement, le 31 mars — ils étaient même encore plus nombreux à se réunir, à partir de 18 h. Récit de l’AG — qui a adopté l’idée de faire de la langue des signes une langue officielle —, alors que la Confédération paysanne va rejoindre le mouvement.

Clément et Thomas, qui se présentent comme la « génération CPE », sont venus par « curiosité intellectuelle » : « Cela fait 5 jours qu’on en entend parler, alors on est venu voir par nous-mêmes », expliquent-ils.

Même son de cloche du côté d’Hugo, étudiant : « En classe, tout le monde ne parle que de ça ! » La curiosité, c’est aussi ce qui a motive Éric à se rendre sur place, directement à la sortie du travail, en costume : « Je n’ai pas bien compris d’où partait ce mouvement, mais c’est intéressant », explique ce conseiller en développement durable. Pour lui, la place de la République devient un lieu de contestation, après les événements d’Alternatiba en septembre et les manifestations de la COP 21 auxquels il a participé.

Laura, elle aussi habituée des mobilisations sociales, dit découvrir une nouvelle ambiance à travers cette Nuit debout : « Cela fait plaisir de voir tout ce monde ensemble, dans le calme et la bonne humeur. » Pour Tom, « d’habitude, la lutte, je m’en sens proche sur internet, c’est facile d’être d’accord avec les publications sur les réseaux sociaux. C’est beaucoup plus rare et fort en vrai ». (...)

À l’ordre du jour, donc : un point sur les derniers jours, la question des réfugiés à Paris, un récapitulatif sur les commissions de travail pour finir par un temps de parole, libre mais encadré vu le nombre de personnes (2 à 3 minutes maximum pour chacune).

La parole est d’abord donnée aux personnes qui sont là depuis le jeudi 31 mars, pour témoigner du mouvement. Certains parlent de l’importance de repartir vers des luttes existantes pour ne pas créer un énième mouvement. Ainsi, Malika, 55 ans, rappelle que « ce qui nous a réuni, c’est la loi El Khomri et qu’il faut garder ça en tête ».

La présence de réfugiés vient briser la relative homogénéité sociale des intervenants. Mohammed vient du Soudan et dormait porte de La Chapelle avec d’autres réfugiés, où ils sont chassés tous les jours par la police. Son récit symbolise la convergence des luttes souhaitée par nombreux, afin d’éviter l’entre soi. Pour Moussam, ce point est stratégique : « Il faut inscrire à l’agenda les revendications des plus faibles d’entre nous : les migrants, les femmes, les noirs et les arabes. »

D’ailleurs, Nuit debout apporte un sentiment de sécurité aux migrants qui y passent la nuit. Icham explique qu’à « 5h du matin, il ne reste plus personne sur la place, à part les réfugiés. C’est là que j’ai compris pourquoi on était sur cette place. Parce qu’ils se sentent protégés, donc il faut continuer l’occupation de la place. » (...)