
Les politiques font jouer aujourd’hui à la Grèce un rôle analogue à celui qu’endosse le SDF depuis la fin des années 80, époque à laquelle ce dernier entre avec fracas sur la scène médiatique.
Un français sur deux a peur de devenir SDF. Si le clochard était une figure de l’altérité, le SDF est une figure à laquelle on s’identifie. Comme nous, il est né dans une famille. Comme nous, il avait un emploi. Comme nous, il avait un domicile. Mais, comme le disait si bien Laurence Parisot, la vie est précaire. Tout peut basculer d’un instant à l’autre. Et tout un chacun peut se retrouver sans emploi, à la rue, et perdre jusqu’au filet de sécurité que représente la famille. La droite néo-libérale n’a eu de cesse d’alimenter cette peur (...)
La situation de la Grèce est apocalyptique : le taux de suicide a doublé depuis le début de la crise. Chaque jour, un service public est privatisé. Le dernier plan d’austérité prévoit, entre autres saignées, une réduction de 20 % des retraites supérieures à 1200 euros, la mise en réserve de 30 000 fonctionnaires, l’abaissement du seuil d’imposition de 8000 à 5000 euros de revenus annuels. La Grèce est devenue le SDF de l’Europe. Le message est clair : « Regardez ce qui va vous arrivez si vous ne consentez pas aux règles de bonne gestion ». Le spectacle de la Grèce est supposé produire le même effet de sidération que celui du SDF. Le peuple français est sommé de tirer la seule conclusion qui s’impose : il devra renoncer à son modèle social. (...) Wikio