Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Attac 33
La Barbarie est toujours dans les esprits.
Article mis en ligne le 16 décembre 2011

En 1919, Paul Valéry écrivait : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Les vieilles puissances de l’Europe de l’Ouest venaient d’engloutir, au cours de « la grande guerre » , des millions de jeunes appelés, leurs générations nouvelles, dans les tranchées, laissant en héritage aux anciens les monuments aux morts avec leurs listes interminables de sacrifiés. En France, l’idéal républicain s’était effacé, cédant devant la barbarie des champs de bataille, l’arbitraire de vieillards galonnés, la désolation. De la devise républicaine ne subsistait plus qu’une certaine fraternité, la fraternité des combattants ou des rescapés affrontant la même adversité.

Quarante ans plus tard, après une deuxième guerre et la barbarie nazie, la Communauté Économique Européenne réunissait les ennemis d’hier. L’économie venait en aide à la politique. Le commerce et les relations d’intérêts mutuels au sein du « marché commun » allaient permettre de construire un avenir différent, de rompre avec une fatalité morbide. Le développement et la prospérité économique seraient les moteurs de la paix et de l’exercice de la démocratie. L’Europe, conjurant les mauvais démons, éloignerait définitivement les risques de conflits armés entre des peuples marqués par l’ Histoire. L’Europe serait célébrée dans tous les manuels scolaires.

L’enfer est décidément pavé de bonnes intentions.

L’Union Européenne n’est plus qu’un outil au service des intérêts d’une petite caste d’hyper privilégiés, (...) C’est désormais une institution chargée d’organiser, comme le FMI ou la Banque Mondiale, l’assujettissement de pays entiers à des intérêts privés et à l’idéologie libérale. (...)

Après les pays du Sud, jugés incapables de conduire leurs politiques publiques, les pays d’Europe sont frappés à leur tour par des politiques d’ajustement structurel qui condamnent à l’austérité et à la pauvreté le plus grand nombre, tout en organisant l’impuissance des Etats à remplir ses missions d’assistance.

Dans le même temps, en cette fin de semaine, à l’occasion du débat au Sénat sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, les partis de droite et d’extrême droite réunissent leurs forces pour stigmatiser un danger inadmissible pour notre démocratie. (...) Notre Premier ministre, en bon libéral réactionnaire, désigne ainsi à la vindicte populaire la vraie menace ; la citoyenneté et la nationalité française ne sont pas mises à mal par la mondialisation financière et les exigences toujours plus prégnante du capital mais par l’étranger (...)

Décidément, la barbarie est toujours présente dans les esprits.