
Ces révélations de Mediapart, que suggérait déjà le film Merci Patron (« Un film d’action directe »), dont Bernard Arnault, PDG de LVMH était le héros involontaire, n’ont rien de très étonnant. En 2008 déjà, François Ruffin dénonçait la délocalisation des usines du géant du luxe, qui licenciait à tour de bras tout en distribuant des dividendes plantureux à ses actionnaires. Il décrivait dans nos colonnes une assemblée générale du groupe, cette « marée de crânes blancs » ponctuée par un discours du PDG le plus riche du pays : « C’est qu’il est ennuyeux, Bernard Arnault. Il a beau annoncer, sur les écrans géants, des “dividendes en hausse de 30 %”, sa voix monotone et lente ne soulève aucun enthousiasme. Comme un mauvais curé de campagne. »
Chez LVMH, le géant du luxe
Insolite face-à-face entre ouvrières et actionnaires (par François Ruffin 2008)
Les négociations dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour une libéralisation supplémentaire des échanges internationaux n’y changeront rien : l’économie occidentale semble menacée par une nouvelle récession (lire « Une trajectoire financière insoutenable »). Et cela en dépit des dépenses massives du gouvernement américain, lequel, nonobstant le postulat qui voudrait que les marchés se régulent eux-mêmes, vole au secours de banques privées en cessation de paiement et du marché de l’immobilier, en chute libre. Cette crise s’accompagne d’une oscillation permanente des prix des produits alimentaires et des matières premières, en premier lieu du pétrole, qui rend plus précaire encore le sort des plus démunis, mais aussi des couches moyennes.
A l’intérieur même des cercles dirigeants s’élèvent des voix pour remettre en cause le fameux « laisser-faire » des années Reagan et Thatcher (lire « Les élites, la crise et le macaroni de Mauss »). Le système est contesté et le « consensus social » se fendille : grèves à répétition en Côte d’Ivoire ou au Cameroun, émeutes de la faim à Haïti ou en Egypte, invasion de la Bourse de Karachi par de petits porteurs de titres...
En France, des ouvrières n’ont pas hésité à porter la contestation au sein même des assemblées d’actionnaires. (...)