
Ils n’en ont pas le statut officiel, mais le sont pourtant corps et âme. Réfugiés en France pour fuir la persécution en Serbie, ces dix Roms devaient être expulsés la semaine dernière. Mais le tribunal de Lille leur a offert un sursis inespéré
(...)Dans sa chambre, Arben, dix ans désormais, veut récupérer ses habits. « Ils nous ont dit : “Non. Vite, vite, vite”. ». Ils sont emmenés de force, sans rien comprendre à ce qui leur arrive. « Les enfants ont été traumatisés, ils étaient en pleurs », raconte Kadri. La famille échappe juste à l’humiliation des menottes. Pas besoin. Selon la préfecture, l’interpellation de la famille par les quinze policiers s’est déroulée « sans heurt ».
Dans un bus de tourisme, spécialement affrété pour l’occasion, la famille Azeti-Hassani est transférée au centre de rétention de Lille. « Une cage, une prison », mime Salih, le père de famille, les deux mains jointes sur des barreaux imaginaires. Lorsqu’ils sont relâchés, vendredi, la police se contente de les déposer sur un quai de gare. Sans argent ni billet de train. Clandestins sous contrainte. « Par rapport au voyage tout frais payé de l’aller, le contraste est saisissant », ironise une bénévole.
Malgré la peur de se faire coincer, ils parviendront à rejoindre Clermont-Ferrand, à minuit, épuisé. Après tout ça, on se demande encore comment les parents trouvent la force de sourire, de se réconforter. Comment les enfants peuvent-ils jouer au football, en toute innocence. Quel sentiment les meut ?(...) Wikio