
Une filiale d’Axa a récemment confirmé son retrait de l’actionariat d’Elbit Systems, une entreprise israélienne fabriquant des armes utilisées contre les Palestiniens, notamment des bombes au phosphore blanc. Une victoire pour l’ONG SumOfUs et la campagne Boycott désinvestissement sanction (BDS), qui appellent la compagnie d’assurance à mettre aussi un terme à ses liens avec les banques accusées de financer la colonisation. D’autres actions de boycott, y compris d’événements culturels, sont prévues, le tout dans un contexte où Benyamin Netanyahou envisage sans être inquiété l’annexion des colonies.
Dans un communiqué de presse, l’ONG SumOfUs, fondée aux États-Unis et qui entend jouer un rôle de « contre-pouvoir » face aux grandes entreprises et aux multinationales, et la coalition Stop Axa assistance to Israeli apartheid « se félicitent » de cette décision survenue « suite à une année de campagne de pression citoyenne contre l’assureur français ».
Lancée en avril 2018 par SumOfUs, la pétition appelant Axa à « cesser de faire du profit sur la colonisation en Palestine » a été signé par plus de 140 000 personnes. Elle rappelle notamment que Elbit Systems produit et vend des armes à sous-munitions et des obus au phosphore blanc, utilisés à plusieurs reprises par l’armée israélienne lors de ses offensives dans la bande de Gaza.
« Se désengager de l’apartheid israélien » (...)
Interrogé par Bastamag, le groupe Axa assure déployer « une des politiques d’investissement responsable les plus complètes et les plus avancées du secteur financier ». Et affirme que « dans le cadre de (sa) politique dédiée aux armes controversées », il a « pris la décision de désinvestir d’Elbit Systems lorsqu’ils ont acquis une société qui produit des armes à sous-munitions ». Le groupe ne reconnaît pas pour autant que ce désinvestissement est dû aux pressions de la campagne : un simple « groupe d’activistes » faisant « circuler des affirmations parcellaires voire mensongères », selon Axa. (...)
Actionnaire des banques qui financent la colonisation
Si Axa-IM s’est bien débarrassée de ses parts dans Elbit Systems, il reste investit dans au moins trois banques israéliennes, qui « constituent l’épine dorsale des colonies de peuplement illégales par le biais des services financiers qu’elles fournissent », dénonce la campagne. Axa rétorque que ses « investissements dans les banques israéliennes n’ont absolument pas vocation à financer l’extension des territoires occupés ». Sauf que la réalité de l’implication des banques israéliennes dans la colonisation a été mise en exergue en mars 2017 dans un rapport intitulé « Les liaisons dangereuses des banques françaises avec la colonisation israélienne », réalisé par huit organisations [1] (voir notre article).
Ce schéma est également documenté avec précision dans un autre rapport publié en 2017 par l’ONG Who Profits qui travaille sur « l’industrie de l’occupation israélienne » (...)
Axa n’est pas la seule entreprise française impliquée directement ou indirectement dans l’économie de l’occupation israélienne. « Leur double implication dans les banques et dans Elbit Systems nous a cependant paru assez grave en terme de complicité pour que l’on mène une campagne, résume Imen Habib, animatrice de la campagne BDS France. (...)
« Aujourd’hui, on assiste à une alliance forte entre les différentes extrême-droites mondiales et Benyamin Netanyahou en est l’un des leaders, rappelle Imen Habib. Tout comme la loi « État nation » votée en Israël en juillet 2018, (qui consacre Israël comme « l’État-nation du peuple juif » et ne reconnaît le droit à l’autodétermination qu’aux juifs-israéliens, ndlr),cela éclaire de façon nette la nature profonde du régime israélien d’apartheid. Notre légitimité et celle de notre action en sont renforcées : on est plus que jamais déterminé à continuer nos campagnes. »
Actions de boycott culturel
Dans les mois à venir, BDS annonce poursuivre la campagne sur le désinvestissement d’Axa et en enclencher une autre sur le boycott de la marque Puma, « pour qu’ils mettent fin au sponsoring des équipes de foot des colonies israéliennes ». (...)
Une journée d’action internationale à cet effet est prévue le 15 juin. D’ici là, deux évènements sont ciblés : le festival Eurovision qui aura lieu du 14 au 18 mai à Tel Aviv et autour duquel BDS se mobilise depuis déjà quelques mois, puis le Festival international de films LGBT de Tel Aviv (TLVFest), qui se tiendra dans la capitale israélienne du 6 au 15 juin. (...)