
L’assistance financière des migrants africains à leur pays d’origine à travers les transferts d’argent à destination de la famille, des amis et des partenaires a connu une augmentation considérable, ces derniers temps. Et pour cause.
« Sur la période 2004-2008, les transferts de fonds des migrants béninois se chiffrent à plus de 100 milliards de francs Cfa par an ». Ce constat révélateur est de Carmela Godeau, directrice régionale de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), le 30 octobre 2012. En effet, ces dernières années, les Béninois, comme beaucoup d’Africains expatriés, ont contribué à la floraison des agences de transfert d’argent, tant la demande de ce service est grande.
En 2012, 30 millions d’émigrés africains ont envoyé pratiquement 60 milliards de dollars, soit environ 27 mille milliards de francs Cfa, à 120 millions de bénéficiaires, soit un dixième de la population du continent. L’experte déplore cependant que la quasi-totalité de ces fonds servent aux besoins primaires et sociaux des familles.
C’est le cas de Justin, qui reçoit régulièrement des sous de sa tante partie en France il y a dix ans : « c’est elle qui s’occupe de moi. Les parents n’ont pas assez de moyens. Alors tous les mois, elle nous fait un transfert. C’est dans cet argent que je prends une part pour mes études, et mes parents gèrent le reste pour les factures d’eau et d’électricité, la ration alimentaire. Leurs revenus seuls ne leur permettant pas de tout assumer à la maison. »
Comme Justin, ce sont des millions d’Africains qui bénéficient des largesses matérialisées par les transferts d’argent de leurs proches et autres connaissances vivant à l’étranger. Même si certains de ces transferts sont le fruit d’escroqueries par Internet ou autres moyens illicites, la majorité est destinée à aider la famille restée au pays ou dans une moindre mesure les amis. (...)
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), les sommes transférées sont essentiellement consacrés aux dépenses d’éducation, de santé, de consommation courante. Les transferts d’argent des migrants jouent un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté et sont un enjeu majeur du financement du développement, aux côtés de l’aide publique au développement mondiale (plus de 133,5 milliards de dollars en 2011. (...)
Le Togo est devenu en quelques années le troisième pays de la zone Uemoa par l’importance des transferts de fond de ses migrants, après le Sénégal et le Mali, et devant le Bénin et la Côte d’ivoire.