
Présent au Forum social mondial de Dakar, l’universitaire kenyan, Firoze Manji, nous livre son analyse sur la renaissance des mouvements populaires africains. Éditeur du site pambazuka.org, il est aujourd’hui très critique vis-à-vis de « l’industrie de l’aide », qui entrave la réappropriation par les Africains de leur continent, gangrené par la corruption et le pillage des richesses.
En Afrique, deux sortes de sociétés civiles ont existé historiquement : celles qui ont collaboré avec le pouvoir colonial et celles qui s’y sont opposées. Aujourd’hui nous connaissons la même situation : il y a celles qui s’associent à l’industrie de l’aide, qui en bénéficient et recourent au langage du développement. Et celles qui parlent d’émancipation. Il y a bien sûr beaucoup de nuances entre ces deux groupes, entre ceux qui travaillent dans une vision de développement charitable et ceux qui œuvrent à l’émancipation des Africains. En général, les organisations locales, les syndicats, les mouvements paysans, parce qu’ils ont un intérêt direct dans leur propre liberté, ont une dynamique très différente de ceux qui participent à l’industrie de l’aide.(...)
Dans une situation politique où les gens sont opprimés, une organisation humanitaire ne fait qu’adoucir la situation, sans que cela ne règle le problème. Si vous regardez cela dans une perspective historique, nombre d’ONG participent inconsciemment à la situation d’oppression. Vous pouvez y voir des similarités avec la France occupée. Des gens bien intentionnés ont objectivement participé au régime de Vichy. Entre la collaboration active et la résistance, il existait un large spectre de possibilités. Nous trouvons la même situation en Afrique aujourd’hui.Au sein des États issus des indépendances, les nouvelles classes dirigeantes se sont déclarées seules responsables du développement.
Au Kenya par exemple, les syndicats de paysans ont été fermés et intégrés dans un parti politique, idem pour les mouvements de femmes. Puis les partis politiques eux-mêmes ont été fermés pour ne créer que le parti d’État. Immédiatement après l’indépendance du Kenya (1963), beaucoup d’acteurs importants de la libération ont été emprisonnés, exilés ou tués, de même que Patrice Lumumba au Congo ou Thomas Sankara au Burkina Faso. Chaque fois qu’un leader a eu le courage de se rebeller, l’Europe et les États-Unis l’ont forcé à baisser la tête.
Nous avons connu une période de vide jusqu’au milieu des années 1990 où les gens ont recommencé à résister et à s’organiser. Aujourd’hui au Kenya, les espaces de discussions et de débats ne manquent pas. C’est vibrant, vivant, et c’est une tendance générale. Y compris en Europe.(...)
Au sein des États issus des indépendances, les nouvelles classes dirigeantes se sont déclarées seules responsables du développement. Au Kenya par exemple, les syndicats de paysans ont été fermés et intégrés dans un parti politique, idem pour les mouvements de femmes. Puis les partis politiques eux-mêmes ont été fermés pour ne créer que le parti d’État. Immédiatement après l’indépendance du Kenya (1963), beaucoup d’acteurs importants de la libération ont été emprisonnés, exilés ou tués, de même que Patrice Lumumba au Congo ou Thomas Sankara au Burkina Faso. Chaque fois qu’un leader a eu le courage de se rebeller, l’Europe et les États-Unis l’ont forcé à baisser la tête. Nous avons connu une période de vide jusqu’au milieu des années 1990 où les gens ont recommencé à résister et à s’organiser. Aujourd’hui au Kenya, les espaces de discussions et de débats ne manquent pas. C’est vibrant, vivant, et c’est une tendance générale. Y compris en Europe.(...)
Les gens s’interrogent de plus en plus, se révoltent.
Wikio