
Insatisfaisant sur bien des points, l’accord final de la COP 21 est pourtant « utile », écrit le maire de Grenoble. Il marque une « bascule » plaçant « nos sociétés aux portes d’un changement de cap historique ».
À l’issue de la COP 21, 195 pays, dont la France, validaient noir sur blanc l’objectif de contenir « bien au-dessous de 2 °C » le réchauffement du climat d’ici la fin du siècle. Au même moment, le gouvernement français privait de mobilisation les citoyens descendus dans la rue pour pousser les dirigeants du monde à aller plus loin, à enfin prendre des engagements juridiques et financiers concrets. Au-delà de son absurdité apparente, cette scène préfigure en réalité les relations à venir entre la société civile et les institutions sur la question climatique.
En inscrivant l’objectif des 2°C dans l’accord, tout comme celui de la neutralité carbone à partir de 2050, les États ont en effet offert une légitimité officielle et objective aux acteurs engagés pour un progrès durable et décarboné, partout sur la planète. (...)
Et elles sont déjà nombreuses, ces initiatives, qu’elles soient scientifiques ou économiques, citoyennes ou artistiques ; qu’elles soient individuelles – Nicolas Hulot, Naomi Klein, Erri de Lucca, Claude Lorius, Paul Watson, Pierre Rabhi, Moussa Samb, etc., ou bien collectives – Alternatiba ici, la fondation Urgenda aux Pay-Bas, Meu Rio au Brésil, etc. À sa façon, en touchant le cœur des 2,4 milliards de chrétiens du monde entier, l’encyclique Laudato Si du pape François contribue elle aussi à la mobilisation climatique. Hier maintenues à la périphérie du débat public, l’accord de la COP 21 les a propulsées en son cœur.
Un bélier au service des mobilisations
Car la plus grande avancée de la COP 21 n’est pas juridique ou financière, elle relève d’abord de la mise à jour collective d’une norme, celle de Progrès. Bâtir et partager un modèle de société qui respecte, et même qui valorise, les équilibres de la planète au lieu de les bafouer : voilà le nouveau cadre d’action des générations présentes et à venir. Au regard de la trajectoire empruntée jusqu’à présent par l’ensemble des 195 pays, cette bascule place nos sociétés aux portes d’un changement de cap historique ! (...)