Depuis une vingtaine d’années, l’État démantèle lentement l’ONF. Entre suppressions de postes et privatisations, l’établissement public se détourne peu à peu de sa mission essentielle de gestion durable de la forêt. Pourtant, la succession d’événements climatiques extrêmes de cet été a accentué la menace pesant sur ces milieux aux équilibres fragiles.
La forêt est et sera le principal amortisseur face au dérèglement climatique. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, l’État démantèle l’Office national des forêts (ONF), responsable de sa gestion. C’est « la mort du service public forestier, de l’entretien et de la maîtrise de nos forêts », résume la Fédération nationale agroalimentaire et forestière (Fnaf) de la CGT. En charge d’un quart des forêts françaises, l’ONF remplit trois missions principales : la gestion des massifs publics, la prévention des risques en milieux naturels et la vente de bois.
La prévention des feux naissants
La succession d’événements climatiques extrêmes de cet été a accentué la menace pesant sur ces milieux aux équilibres fragiles. « Lors de la seule première quinzaine d’août, plus de 50 départements ont connu au moins un incendie significatif, de plus de dix hectares. C’est exceptionnel. Jusque-là, les incendies frappaient plutôt dans le sud de la France », souligne Olivier Rousset, directeur général adjoint de l’ONF. Frappée de plein fouet par les effets du dérèglement climatique, la forêt, puits de carbone, régulatrice d’eau et protectrice de la biodiversité, se trouve au cœur de tous les enjeux. Alors, l’ONF aussi.
Pourtant, ses moyens s’étiolent d’année en année. « L’ONF a vu ses effectifs amputés de 30 %, passant de 11 000 salariés en 2002 à près de 7 800 cette année », explique Philippe Canal, porte-parole du Snupfen Solidaires, premier syndicat de l’ONF. Pire, le contrat État-ONF (2021-2025) prévoit à nouveau 500 suppressions de postes.
Résultat, les personnels de l’ONF se trouvent dans l’incapacité d’honorer leurs missions, en charge de territoires toujours plus grands à gérer par agent. « En passant de 800 à 2 000 hectares, aujourd’hui, il y a une moindre présence sur le terrain, donc une moindre protection des forêts », poursuit le syndicaliste.
La responsabilité de l’ONF, notamment en termes de prévention des feux naissants, est pourtant essentielle (...)
« Rien n’est fait pour renforcer les services de défense des forêts contre les incendies (DFCI) dans leurs activités d’entretien, de surveillance et de contrôle des réglementations », déplore la Fnaf CGT.
Une gestion financière dépendante de la vente de bois
De la même façon, si Olivier Rousset assure que le premier rôle de l’ONF est d’ « adapter la forêt au changement climatique », cette anticipation à long terme semble manquer de rentabilité aux yeux de l’État. « La seule mission qui rapporte de l’argent est la vente de bois, alors l’accent est mis là-dessus », souligne Bruno Doucet, chargé de campagne pour l’association de protection des forêts Canopée. (...)