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Rue 89
« L’Homme révolté » de Camus éclaire les révolutions arabes
Article mis en ligne le 4 mai 2011
dernière modification le 2 mai 2011

En Tunisie, en Egypte et en Libye, des révoltés, hommes et femmes, « parient, face à la douleur des hommes, pour le bonheur ».

Si l’auteur de « L’Homme révolté », publié il y a soixante ans, était toujours vivant, il dirait que les évènements qui se déroulent aujourd’hui dans son Afrique du Nord natale nous rappellent que la Méditerranée a une rive sud dont la jeunesse incarne les principes de son essai : « La plus orgueilleuse des races, nous autres Méditerranéens », déclarait-il, « vivons toujours de la même lumière ». (...)

Dans « L’Homme révolté », Camus nous donne les mots pour comprendre les événements qui bousculent notre monde.
(...)

Le monde, pour Camus, était le théâtre de deux formes d’absurdité :

 l’absurdité métaphysique, basée sur le refus du monde à donner du sens à une race humaine qui pourtant en réclame ;
 l’absurdité politique, ou l’obstination d’un Etat à vouloir donner du sens, en certains endroits et à certains moments, à la souffrance injustifiable qu’il inflige à ses citoyens.

Camus se révoltait contre ces deux genres d’absurdité, nous avertissant depuis toujours que l’absurde ne libère jamais mais ne fait qu’enchaîner. (...)

Bien avant l’ère de Facebook et de Twitter, Camus avait reconnu que la révolte passe inévitablement de l’individu à une réponse collective. (...)

En bref, je me révolte, donc nous sommes. (...)

En un mot, l’homme révolté refuse à la fois de demeurer esclave et de transformer ses anciens maîtres en esclaves. Les méthodes pacifistes des manifestants égyptiens reflètent la revendication éthique de Camus : faire face à nos anciens oppresseurs comme n’étant rien de moins que des êtres humains qui ébranlent la légitimité morale de la cause que nous défendons. (...)

« De vouloir servir la justice pour ne pas ajouter à l’injustice de la condition, de s’efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel et de parier, face à la douleur des hommes, pour le bonheur. » (...)

L’esprit de modération est bien plus difficile à mettre en œuvre et à maintenir que celui de la révolution. Alors que l’on tombe facilement dans l’excès, la modération « au contraire, est une pure tension ».

Pour Camus, ceux qui souhaitent conserver le parti de l’humanité n’ont pas d’autre choix que d’étreindre cette tension. En d’autres termes, tandis que le révolutionnaire croit que la fin justifie les moyens, l’homme révolté répond toujours que seuls les moyens justifient la fin.(...)
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