
Les Jeux olympiques de Sotchi ne monopolisent plus les médias russes. Au prix d’un bain de sang, la contestation en Ukraine a gagné une attention médiatique considérable au point de dépasser la couverture des Jeux olympiques. Vendredi soir, un tweet des activistes d’Euromaidan résumait la situation :
« Vladimir Poutine a dépensé 50 milliards de dollars pour que tout le monde n’ait d’yeux que pour la cérémonie d’ouverture. Mais, à la place, les invités à Sotchi regardent par la fenêtre et voient l’Ukraine brûler. »
Ce n’est pas anodin : lors de la journée de jeudi, pour la première fois depuis des mois, aucun des sujets les plus évoqués sur le Twitter russe (« top trends ») ne concernait les JO. En revanche, tous parlaient de la situation en Ukraine, et observaient anxieusement un pays semblant se précipiter d’heure en heure vers la guerre civile. En Russie, nombre d’internautes déploraient déjà, des derniers jours, la déconnexion des médias focalisés sur les JO (...)
A Sotchi, la violente répression des manifestation a ému les délégations sportives, et les sportifs ukrainiens en premier lieu. Vendredi, les biathlètes ukrainiens ont dédié leur médaille aux victimes des violences à Kiev. La dernière relayeuse a ensuite demandé une minute de silence après avoir été longuement ovationnée par la foule.
Mercredi, la skieuse Bogdana Matsotska avait annoncé son refus de participer à la compétition de slalom. Elle et son entraîneur ont publié un texte sur Facebook pour expliquer ce geste :
« En solidarité avec les combattants des barricades de Maidan et en guise de protestation contre les agissements illégaux envers les manifestants, le manque de responsabilité de la part du Président et son gouvernement laquais, nous refusons toute participation à venir aux Jeux Olympiques de Sotchi 2014. »
Le coup de grâce des Pussy Riot
Les Jeux s’achèvent dimanche mais on croirait presque que la fête est déjà finie. L’ambiance est plus pesante, aux évènements de Kiev s’ajoutant l’appréhension de la récession économique. (...)
La performance des Pussy Riot jeudi, avortée à coups de fouets par les cosaques, a été le coup de grâce : elle a ramené les projecteurs sur l’extra-sportif et achevé de rappeler que le village Potemkine ultra sécurisé qu’est Sotchi n’était pas hermétique à la contestation. (...)