
Être malade du cancer aujourd’hui c’est subir la double peine, notre vie est un parcours semé d’embûches.
J’avais 25 ans quand on m’a trouvé mon premier cancer. Jeune, pleine de vie, j’étais loin d’imaginer ce qui m’attendait pour la suite.
Cancer de thyroïde, grade 4, mauvais pronostic. Tous ces mots ont claqué dans l’air un jour d’avril 2011. J’ai été soignée, on m’a dit “surveillance”, j’y ai cru chaque jour un peu plus fort.
J’ai déjà pu constater que le chemin s’annonçait compliqué, quand, à mon retour d’arrêt de travail, suite à mes traitements, mon employeur m’a annoncé que mon poste n’était plus disponible. Il a fallu prendre une avocate, pour condamner l’impensable. (...)
En 2014 alors que tout allait bien, examen de contrôle, tumeur thoracique qu’il faut absolument enlever afin de savoir si elle est maline ou bénigne. C’était heureusement une tumeur sans gravité, je reprends le cours de ma vie.
Suite à des arrêts de travail trop nombreux au gout de la sécurité sociale, je suis convoquée par un médecin conseil en 2014. Il me propose une pension d’invalidité de catégorie 1, je peux encore travailler mais mon état de santé ne me permet plus de le faire à 100%. On me dit alors que ma pension sera calculée sur mes dix meilleures années de salaires. J’ai été diplômée en 2008 alors on me dit “C’est dommage, il aurait fallu tomber malade en fin de carrière c’est plus avantageux”. Mes six premières années de carrière ne sont évidemment pas celles où je suis le mieux payée, jeune diplômée que je suis. On ne me dit rien d’autre. La vie reprend son cours. (...)
Je rencontre régulièrement de multiples soucis avec la sécurité sociale, perte des mes arrêts de travail régulièrement, pourtant envoyés en lettre suivie et pris en photo une fois tamponnés à la poste car malade ou pas, on vous traite toujours comme une coupable.
Mon employeur m’ayant augmentée récemment j’ai vu ma pension d’invalidité fondre du montant de mon augmentation , “et oui ma petite dame, votre pension d’invalidité ne peut jamais être revue à la hausse, on ne vous l’avez pas dit ?”. Je suis donc condamnée à vivre toute ma vie avec le même salaire.
J’ai reçu ce mois-ci 1,35€ de pension d’invalidité, j’hésite entre les Seychelles et les Maldives pour nos vacances… (...)
Nous, jeunes malades, ne sommes pas du tout entendus. Le cancer est devenu une maladie chronique, qui touche de plus en plus de jeunes adultes, avec des besoins spécifiques mais notre gouvernement n’en prend pas la mesure. Le droit à l’oubli était une des mesures phares du Plan Cancer de Marisol Touraine, une révolution perçue pour tous les gens malades ou l’ayant été pour l’attribution d’une assurance de prêt : je suis aujourd’hui inassurable… La grille de référence ne reprend que quelques cancers. Si vous n’êtes pas dans les cases alors tant pis pour vous, il ne fallait pas avoir un cancer !
Autre souci et pas des moindres : un manque d’empathie et de bienveillance a envahi les hôpitaux. Vous avez beau être polie, bien élevée et respectueuse vous êtes traitée comme de la merde par certains soignants, secrétaires , médecins. (...)