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Incendie de Lubrizol : « Il est retombé une pluie de poussière d’amiante
Article mis en ligne le 23 janvier 2020
dernière modification le 22 janvier 2020

Lors de son audition devant la commission d’enquête du Sénat sur l’incendie de Lubrizol, le toxicochimiste André Picot a assuré qu’il y a bien eu de la poussière d’amiante dans l’air. Également auditionné, le spécialiste de la gestion de crise Patrick Lagadec a estimé qu’il fallait préserver et développer la confiance de la population.

Quatre mois après l’incendie de Lubrizol, les auditions concernant cette affaire se poursuivent au Sénat ce mardi. Cette fois, la commission d’enquête Lubrizol se penche sur les questions de toxicologie et les questions de gestion de crise.

André Picot, président de l’association Toxicologie Chimie, assure que non seulement de l’amiante s’est bien dispersée lors de l’incendie de Lubrizol, « il y avait un toit en fibrociment (…) Il est retombé en pluie de poussière d’amiante » mais surtout que les populations en contact immédiat (comme les pompiers) ont été touchées. Ces propos sont en contradiction avec la version des autorités expliquant qu’il n’y a pas eu de fibres d’amiante dans l’air.

Le président de l’association Toxicologie Chimie a rappelé la toxicité de l’amiante à long terme : « Une des propriétés de l’amiante, c’est de déclencher des cancers de l’enveloppe des poumons, la plèvre. » Il a raillé le ministère de la Santé de ne pas être « très au fait de ce problème » : « Devant la pression des médias Madame Buzyn a demandé des analyses (…) de sang de l’état du foie de ces pompiers. Or tout le monde sait très bien que l’amiante n’a aucun impact sur le foie. Ils auraient mieux fait de vérifier un petit peu l’état de leur tractus pulmonaire. » (...)

Concernant les suies qui ont recouvert les environs de l’usine, le toxicochimiste est catégorique : « À l’heure actuelle, on est incapable de savoir exactement les retombées que ça peut avoir sur la population. On n’a aucun élément. »
Importance d’impliquer les citoyens

Également auditionné, Patrick Lagadec, directeur de recherche honoraire à l’École polytechnique, travaille sur la maîtrise des risques et la gestion des crises. Il est convaincu qu’il est urgent d’avoir une maîtrise des risques à un niveau plus global en pensant aux interactions possibles. C’est-à-dire d’avoir « une approche des systèmes à risque et non plus installation par installation. » : « Quand j’ai entendu cet argument [à propos de l’incendie à Lubrizol - NDLR], ça vient de l’extérieur donc ce n’est pas nous », je me suis dit là, il y a un problème de philosophie générale et de politique générale de gestion des risques. »

Pour cet expert, il est bien sûr évident que les autorités de contrôle « pour être efficaces », « doivent être fortes, indépendantes et respectées ».

Quant aux « pilotages » de crise, ils sont « dépassés et à réinventer » : « Les moyens d’alerte sont d’un autre âge ». (...)