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Rue 89
Immigration : ces « infiltrés » africains dont Israël ne veut pas
Article mis en ligne le 30 septembre 2012
dernière modification le 27 septembre 2012

Face à la vague d’immigration venue d’Afrique, le gouvernement israélien durcit les contrôles à la frontière, tandis que les agressions racistes se multiplient.

Tout commence en 2004 au Darfour, dans cette région du Soudan ravagée par une guerre civile qui fait rage depuis plus d’un an à l’époque. Face à
la multiplication des attaques contre son village, il choisit le chemin de l’exil,
espérant ainsi retrouver la paix. Direction le Caire, puis Tripoli où il travaillera
pendant deux ans, le temps de réunir l’argent nécessaire pour tenter sa chance vers l’Europe. Son objectif est de rejoindre Londres où des membres de sa famille ont obtenu l’asile politique.

En 2006, il embarque sur un vieux bateau où s’entassent plus de 120 passagers venus d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Après deux jours de traversée, les côtes françaises se dessinent enfin à l’horizon. Depuis le
sud de la France, Suleyman poursuivra son voyage jusqu’à Arras. Avec l’aide
d’associations locales, il dépose une demande d’asile qui lui sera refusée quelques mois plus tard.

Commence alors pour lui une vie de clandestin rythmée par les tentatives ratées de rejoindre l’Angleterre et les séances de cache-cache avec la
police. Le moment tant redouté de l’arrestation arrive à la fin de l’année 2007 :

« La police française m’a arrêté à Arras. J’ai ensuite été enfermé quelques jours avant d’être expulsé vers Khartoum. Quand je suis descendu de l’avion, la police soudanaise m’a directement mis en prison pour avoir sollicité l’asile en France. Je suis resté enfermé deux mois avant d’être libéré. » (...)

A partir du milieu des années 2000, avec le durcissement des politiques
migratoires de l’Union européenne et la multiplication des contrôles visant à
stopper les bateaux reliant les côtes d’Afrique du Nord à l’Europe, Israël est
progressivement devenue une alternative de choix pour des milliers de réfugiés africains, principalement originaires du Soudan et d’Erythrée.

De retour au Soudan, Suleyman entend parler d’Israël comme d’un pays démocratique, un endroit où règne la paix, où les offres d’emploi sont nombreuses et où les réfugiés sont les bienvenus. Il pense déjà à
repartir, ce qu’il fera cinq mois plus tard :

« Je ne souhaitais pas retourner en Europe. J’avais peur de retraverser la mer. Prendre tous ces risques pour être expulsé une nouvelle fois, ça n’en valait pas vraiment la peine. A l’inverse de l’Europe, Israël est facilement accessible par la route et on n’expulse pas les gens venus du Darfour. » (...)

L’année 2008 marque une augmentation considérable du nombre de passages depuis l’Egypte. Israël commence alors à faire pression sur son voisin du Sud pour qu’il empêche les migrants présents sur son territoire de passer la frontière.

C’est le début de la politique du « shoot to stop », qui a déjà coûté la vie à plusieurs douzaines de réfugiés en quatre ans. Malgré les risques de mourir sous les balles de la police égyptienne et la multiplication des kidnappings tragiques dont sont victimes des centaines de réfugiés africains dans le Sinaï, ces derniers continuent de se rendre en Israël.

Au cours de l’année 2011, après la chute du régime d’Hosni Moubarak, près de 2 000 personnes franchissent chaque mois la frontière. (...)

Une fois sur le territoire israélien, les réfugiés sont interpellés par l’armée qui les conduit directement dans l’un des deux immenses centres de rétention de Ketziot et Saharonim, tout deux situés dans le désert du Néguev, à une dizaine de kilomètres de la frontière égyptienne.

Deux ou trois semaines plus tard, les Soudanais et les Erythréens, qui bénéficient d’une protection collective les protégeant contre une expulsion, sont relâchés avec en poche un ticket de bus pour Tel Aviv. Ils débarquent alors quelques heures plus tard à la gare centrale, dans le sud de la capitale, sans ressources financières ni endroit ou dormir. (...)