Beaucoup d’aéroports français ne sont pas rentables. Les écologistes dénoncent un gaspillage des ressources. Mais les critiques viennent aujourd’hui du secteur aérien lui-même.
Les quarante plus petits aéroports de France métropolitaine ont un trafic moyen de moins de dix mille passagers par an et ne sont donc pas rentables. La France compte près de cent soixante aéroports.
Le Board of Airlines Represantatives (Bar) en France dénonçait récemment le "nombre pléthorique d’aéroports en France dont les coûts sont finalement supportés par les compagnies aériennes opérant en France sans bénéfice pour le transport aérien dans son ensemble".
"Il y a 84 aéroports en France métropolitaine qui ont des passagers commerciaux. 66 se répartissent environ 4,3% du trafic français. Et 40 aéroports représentent moins de 0,3% du trafic soit environ 300 000 passagers", remarque Jean-Pierre Sauvage, président du Bar France.
La Normandie, moins de deux millions d’habitants, cinq aéroports (...)
Ces aéroports, sous-utilisés, coûtent cher. Une partie de la taxe d’aéroport payée par les compagnies est redistribuée vers les plus petites plates-formes. "100 millions d’euros sont redistribués au titre de la péréquation en fonction des besoins pour la sécurité et la sûreté", explique Jean Pierre Sauvage. Ainsi, l’aéroport de La Môle aurait reçu environ un million d’euros à ce titre pour un trafic qui tourne autour de 6 000 à 7 000 passagers.
Cent euros de subvention par passager (...)
Mais pour l’instant, les collectivités s’accrochent à leurs aéroports. A l’origine, ce sont les impératifs militaires et le développement de petits aérodromes qui ont conduit à ce maillage surdimensionné. Mais la multiplication des aéroports est également liée à "la montée en puissance des collectivités territoriales", explique la Cour des comptes. "Il y a 40 ans, tous les députés voulaient leur aéroport", ajoute Jean-Pierre Sauvage. Et aujourd’hui, peu d’entre eux veulent les lâcher.
"Il y a certaines régions de France où il y a beaucoup d’aéroports au mètre carré. Tous appartenaient auparavant à l’Etat, qui n’a pas fait le ménage. Le problème c’est que les collectivités sont parfois en concurrence. Et chacune estime avoir besoin de cet aéroport pour son développement économique", précise Jean-Michel Vernhes, président de l’UAF (Union des Aéroports Français).
Une vingtaine d’aéroports en trop (...)
Un problème français que l’on retrouve aussi dans certains pays européens. Les géants du béton, qui ont alimenté la crise immobilière en Espagne, ont accouché de projets insensés. Ciudad Real est l’exemple le plus flagrant, car le plus absurde. La plate-forme, mise en service en 2008, devait accueillir quatre millions de passagers par an. Mais après près de quatre ans d’exploitation, et moins de 100 000 passagers, l’aéroport est désormais fermé. (...)