
La crise grecque ? Rien de neuf sous le soleil. Il y a un peu moins de neuf ans, l’Argentine endurait à peu près la même situation, pays contraint à la faillite par l’action du FMI et les errements de ses gouvernements successifs. Confrontée à une semblable perspective - la faillite - , la Grèce applique bêtement une identique recette, celle de la rigueur. Des sacrifices, toujours des sacrifices.
...Avoue - en passant - qu’il y a une désolante ironie à voir un membre du Parti socialiste - fut-il président du FMI - louer avec tant d’enthousiasme « l’extrême rigueur » et les « durs sacrifices » d’un plan mis en place par l’un de ses "camarades" européens - par ailleurs président de l’Internationale socialiste. Oui : il faudrait en rire…
...l’Argentine a payé un très lourd tribut aux oukases du FMI. Au long des années 90, le pays en a été un élève modèle, chanté pour sa docilité et sa bonne volonté, nation se pliant à toutes les recommandations de l’institution. Jusqu’à 2001. Soit jusqu’à ce que le pays se retrouve littéralement sur les rotules. ...
...l’Argentine est étouffée par la dette - en 2002, le pays doit encore 130 milliards de dollars, après en avoir remboursé plus du double les 25 années précédentes, héritage du système corrompu et spéculatif de la junte militaire au pouvoir de 1976 à 1983. Le pays est aussi victime des rapaces gouvernementaux et des capitalistes de la Banque mondiale qui ont mis le pays en coupe réglée. La dette s’accroit sans relâche...
...Au fil des années, la politique du FMI n’a eu d’autre effet que de plonger le pays dans la récession et d’alourdir sa dette. Un désastre, dénoncé par ces milliers de manifestants arpentant, avec une casserole, les rues et avenues des villes argentines...
Rien d’innocent dans cette progressive descente aux enfers.
...Difficile de ne pas établir un parallèle entre les (dites) crises argentine et grecque. ..
...en Argentine, ce sont les habitants et les investisseurs internationaux qui ont perdu foi dans la monnaie ; en Grèce, les agences de notation ont provoqué l’écroulement.
Mais le parallèle vaut surtout pour les prétendues solutions. ...
...En Argentine, la crise avait quasiment stupéfié une population qui, si elle n’éprouvait plus que mépris pour sa classe dirigeante, ne s’attendait pas à pareille catastrophe.
À l’inverse, les Grecs sont debout depuis longtemps, multiplient les mouvements de protestation et de contestation. Aiguillés par un puissant mouvement anarchiste, habitués aux manifestations violentes, ceux-ci ne se contenteront pas du cacerolazo (concert de casseroles) argentin. Surtout, les Grecs sont beaucoup mieux préparés que les Argentins aux alternatives qui devront se substituer à un État défaillant et contrer des institutions internationales menaçantes. Tu sais quoi ? Le meilleur est peut-être à venir...