Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
blogs de médiapart
Grèce : la réalité de la crise
Article mis en ligne le 30 décembre 2011
dernière modification le 29 décembre 2011

Vivre fin 2011 en Grèce est l’occasion de se rendre compte de la réalité d’une crise dont les conséquences se font de plus en plus ressentir. Nul besoin de rappeler tous les détails de la crise politique et démocratique que traverse la Grèce. Pourtant, derrière toutes les unes, les reportages sur la Grèce, on oublie bien souvent que les plans de rigueur successivement appliqués depuis 2010 ont des implications économiques, sociales, et sanitaires très importantes.

(...) Si jusque-là, c’était encore « vivable », la situation devient de plus en plus critique, à tel point qu’une minorité grandissante ne pourra pas passer les fêtes dans des conditions acceptables. Un reportage de la BBC à Sparte montrait combien en si peu de temps la situation s’est dégradée (...)

alors même que les salaires sont déjà à leur plus bas niveau, de plus en plus de grecs ne sont même plus payés. C’est le cas des gardiens de l’acropole, qui ne sont plus payés depuis deux mois, et qui bloquent l’accès au Parthénon durant les week-ends.

La classe moyenne, grande gagnante de la période de prospérité qui a précédé la crise est finalement aujourd’hui celle qui est le plus touchée. Il est assez touchant de voir dans la rue, des hommes en costume, réclamant de l’argent non pour se nourrir sur le moment, mais pour acheter de la viande pour le réveillon.
(...)

Plus grave encore que la situation économique, la Grèce fait aujourd’hui face à une crise sociale et sanitaire inédite.

A cause d’une coupe budgétaire de près de 40% pour le secteur hospitalier, la qualité des soins a radicalement diminué. Certains laboratoires pharmaceutiques refusent aujourd’hui de livrer des médicaments aux hôpitaux et pharmacies, de peur qu’ils ne puissent pas payer. Au delà même de la qualité des soins, les hôpitaux sont contraints aujourd’hui de décliner les admissions, pour les cas les « moins graves ». De 25 à 30% des personnes qui se présentent aujourd’hui à l’hôpital sont refusées. Cela prend malheureusement aujourd’hui des proportions inimaginables. Plusieurs hôpitaux grecs sont contraints de refuser les femmes enceintes, incapables de payer les 900€ en moyenne qui leur sont demandés.

L’ONG médecins du monde s’est implantée en Grèce, et alertait dans son rapport de décembre 2011 sur la situation sanitaire grecque. (...)

En parallèle, on observe une augmentation de 20% de l’usage d’héroïne alors même qu’un tiers des programmes d’accompagnement ont été supprimés à cause d’une réduction du budget qui leur était alloué. La prostitution, elle, a radicalement augmenté, certains médias rapportant même le développement de la prostitution de femmes mariées, ou d’étudiantes. Conséquence presque directe : le nombre de personnes atteintes du virus du SIDA a augmenté de 54% depuis 2010. Le Centre Grec de Documentation et Surveillance des drogues rapporte, lui, que de plus en plus de grecs s’injectent volontairement le virus, dans l’objectif de toucher les 700€ mensuels (plus que le SMIC !) donnés aux séropositifs.

La situation économique et sociale dans son ensemble a pour principale conséquence une dégradation incroyable des conditions de vie. (...)

La Grèce était il y a 3 ans le pays d’Europe où le taux de suicide était le plus bas. Avec une augmentation de 40% des suicides depuis 2010, c’est le pays où l’augmentation a été la plus forte en 2011. (...)

La Grèce a encore cette chance d’avoir un peuple dont la culture très riche et généreuse les conduit à aider les personnes dans le besoin. Le risque, dans l’avenir se trouve très exactement sur ce point. La solidarité familiale encore en marche en Grèce, risque peu à peu de s’effriter et conduire à une aggravation significative de la crise qui a déjà beaucoup changé.

(...)

Ebuzzing