
Mise en danger de la population, dégradation de l’environnement, pillage des ressources minières, évasion fiscale et transferts douteux via des paradis fiscaux…
tel est le bilan en Zambie de la multinationale suisse Glencore. Avec la bénédiction de la Banque européenne d’investissement, qui finance ses activités. Comment l’Europe et la France sponsorisent la guerre économique et la destruction d’un territoire d’Afrique ?
Enquête sur un scandale financé sur des fonds publics. (...)
À proximité du site de Mufulira, l’air est lourd et métallique. Les émissions de soufre dépassent jusqu’à 72 fois les limites légales, celles de plomb atteignent 90 fois la norme. Les mesures effectuées révèlent aussi un taux d’arsenic jusqu’à 16 fois supérieur aux limites. Les émissions de soufre provoquent des pluies acides, qui détériorent les sols : « À Kankoyo, il ne pousse que des cactus et des avocatiers. Impossible pour les autres semences de survivre », témoigne Anne-Sophie Simpere, qui a réalisé une mission d’étude pour les Amis de le Terre. Les toits en tôle des maisons sont rongés par l’acide. « Du fait de l’acidité de l’air, la peinture ne tient pas trois mois. » (...)
Le BEI finance beaucoup d’autres projets de ce type. Entre 2000 et 2007, 80% des financements de la BEI en Zambie sont allée au secteur minier. Évaluations et analyses indépendantes sont absentes. « Du moment que la BEI se fait rembourser, elle se fout du reste, s’emporte Savior Mwambwa, directeur de l’ONG zambienne CTPD. Cette industrie provoque des effets en chaîne sur d’autres secteurs, sur les écoles, les hôpitaux. Depuis la privatisation, tout le monde est conscient que ce n’est pas un problème local. Nous ne nous battons pas seulement contre le projet de Mopani, même s’il nous semble emblématique de ces dérives. »
La BEI, « banque de l’Union européenne », est spécialiste du financement du réchauffement climatique, des décisions opaques, des « prêts pourris » à l’Afrique. (...)