
En Pologne, on multiplie les forages. Encore timides, des contestations s’organisent autour de la crainte pour la pureté de l’eau.
A trois heures au nord-ouest de Varsovie, dans la région des lacs, une activité inhabituelle agite la petite bourgade de Brodnica en plein milieu de l’hiver. Le parking du collège affiche complet. Les couloirs de l’école résonnent des voix des invités venus de tout le pays à l’appel du maire, soucieux de répondre aux inquiétudes de la population locale.
La raison de cette agitation : le gaz de schiste. L’entreprise américaine Marathon Oil vient en effet d’effectuer des forages de reconnaissance dans cette région très touristique.
Les habitants de Brodnica et des environs sont venus nombreux, certains avec des pancartes contre le gaz de schiste. Leur principal reproche : la désinformation.
Mieczyslaw Rutkowski est propriétaire d’un terrain de 70 hectares situé à un kilomètre à peine du forage. Il voulait se lancer dans l’agrotourisme, comme beaucoup de ses voisins. Maintenant il craint que le bruit, les dangers de pollution et les installations minières vont faire fuir le touriste. (...)
Selon Andrzej Szesniak, un expert indépendant en énergie, le gros problème concerne le partage des bénéfices. Les agriculteurs polonais ne reçoivent que quelques centaines d’euros par hectare loué aux entreprises d’extraction. On est loin du modèle américain où les richesses du sol appartiennent au propriétaire du terrain.
L’eau semble au cœur de toutes les craintes. Pas loin de Brodnica, plus au Sud, un autre forage de reconnaissance est réalisé par l’entreprise polonaise Upstream Orlen. Zbigniew possède une ferme juste en face du site. L’eau de son puits est brune depuis le début des travaux de forage. (...)