
des stocks.
Aux racines de la crise sanitaire française 5|5. La colère le dispute à la stupéfaction, en cette dernière semaine du mois de mars. En pleine crise du Covid-19, alors que la France est confinée, les conseillers du premier ministre, Edouard Philippe, découvrent, consternés, que depuis plusieurs semaines, des millions de masques issus des réserves étatiques, dont une part non négligeable était sans doute utilisable, sont consciencieusement brûlés… Ces fameux masques dont la population a tant besoin, et dont les stocks ont fondu dans des proportions phénoménales au fil des ans depuis 2009. Matignon fait aussitôt stopper le processus de destruction, mais l’épisode offre un saisissant raccourci de ce « désarmement sanitaire » dont le pays paie lourdement le prix aujourd’hui, et dans lequel le pouvoir actuel, notre enquête l’atteste, porte une lourde part de responsabilité.
Agnès Buzyn, qui avait quitté ses fonctions de ministre de la santé, le 16 février, pour se présenter à l’élection municipale à Paris, concentre les critiques, y compris dans son propre camp. Ses déclarations au Monde le 17 mars – elle affirme ce jour-là avoir alerté l’exécutif, dès janvier 2020, du « tsunami » épidémique à venir – n’ont pas arrangé son cas. Ainsi, certains ne se privent pas de souligner qu’à peine nommée au ministère, en mai 2017, elle avait fait l’erreur, selon eux, de propulser au poste-clé de conseiller technique chargé de la sécurité sanitaire un inconnu inexpérimenté : Jacques-Olivier Dauberton, un jeune généraliste officiant à Saint-Rémy-en-Bouzemont (Marne), un village de 518 habitants. Pour lui qui n’avait aucune formation en matière de sécurité sanitaire, il s’agissait là d’une promotion inespérée. Et pour le ministère, d’une façon de flatter les médecins libéraux.
(...) Dix-huit mois durant lesquels le pays a définitivement baissé la garde sur le plan sanitaire. (...)
Agnès Buzyn n’est pas la seule personnalité de la « macronie » à laquelle il sera demandé de rendre des comptes, une fois la crise passée. Jérôme Salomon, par exemple, l’homme chargé, chaque soir, de donner au pays des nouvelles du « front » épidémique. (...)