
Lorsqu’il était étudiant et luttait contre la censure du régime communiste hongrois, Janos Laszlo n’imaginait pas qu’il reprendrait du service, quarante ans plus tard, pour aider à diffuser une presse indépendante, asphyxiée depuis l’arrivée au pouvoir de Viktor Orban.
Une à deux fois par semaine, cet ancien journaliste quitte Budapest à destination de la province hongroise, un paquet d’imprimés sous le bras pour livrer une information introuvable dans les journaux locaux.
(...) Lorsque le parti de Viktor Orban, donné en tête des sondages pour les législatives de dimanche, a lancé sa campagne électorale où il dénonce "l’invasion migratoire" ainsi qu’un supposé complot contre la Hongrie de "Bruxelles", du milliardaire américano-hongrois Georges Soros et de l’ONU, le sexagénaire a décidé de réagir (...).
L’’initiative qu’il a lancée l’été dernier avec un groupe d’amis s’appelle "Imprime-le toi-même" (Nyomtass Te Is) : chaque semaine ils sélectionnent plusieurs articles dans la presse alternative, peu lue en province, les mettent en page sur une feuille format A4 pliée en deux, tirent des centaines de copies noir et blanc à domicile ou chez des imprimeurs coopératifs, puis partent à la rencontre d’un public "isolé", loin de la capitale. (...)
"C’est un devoir moral de rééquilibrer les contre-vérités qu’on trouve dans les autres médias", explique Emese Nagy, 48 ans, tout en pliant des piles d’imprimés dans le train qui mène la petite équipe à Szekesfehervar, une ville de 100.000 habitants à 60 kilomètres de Budapest. (...)
Dans les rues de Szekesfehervar, la plupart des passants s’emparent de l’imprimé, a constaté l’AFP, à l’exception d’un homme qui grimace et le transforme en confettis. (...)