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En France, sept militants égyptiens menacés d’expulsion
Article mis en ligne le 29 mars 2014

La France s’apprête-elle à expulser sept militants révolutionnaires égyptiens vers un pays où la torture demeure quotidienne et la justice expéditive ? Interpellés le 28 janvier 2013 après une manifestation devant le bureau militaire de l’ambassade d’Egypte à Paris, ces sept militants, qui résident illégalement en France, ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à rentrer chez eux en métro. Trois d’entre eux ont été placés en rétention au centre de Vincennes, puis relâchés, sur décision du juge des libertés.

Un rassemblement était organisé ce vendredi 28 mars à partir de 19h à la Bourse du travail à Paris, à l’appel du comité de soutien qui réunit plusieurs associations telle Attac, partis politiques (Parti de gauche, PCF, EELV, NPA) et de forces syndicales. Le comité demande l’annulation des ordre de quitter le territoire français (OQTF).

Que craignent ces militants révolutionnaires, qui ont régulièrement manifesté pendant la révolution et au lendemain du départ de l’ancien président Moubarak en février 2011 ?

Connus de l’ambassade égyptienne à Paris pour leur activisme, membres pour certains de l’association « 25 janvier Paris » qui a organisé de nombreuses manifestations contre le pouvoir militaire mais aussi celui des Frères musulmans avant la destitution du président Morsi, les militants craignent de subir le même traitement que nombre d’opposants emprisonnés en Egypte (lire notamment le témoignage du bloggeur Nabil Maikel après sa libération). (...)

Depuis plusieurs mois, les rapports des ONGs se multiplient (Human rights watch utilise les termes de « torture endémique » ) sur les atteintes aux libertés et la répression en cours en Egypte.

Autre preuve que leurs craintes ne sont pas sans fondements, l’un des militants a obtenu après un recours devant le tribunal administratif que l’Egypte ne figure plus comme pays de destination sur son OQTF. Une décision prise conformément à l’article 3 de la Convention européenne des droits humains, compte tenu du danger que ce militant égyptien encourt en cas de retour dans son pays.

La France, qui a longtemps réservé un accueil tolérant envers ces militants en raison du contexte politique égyptien, considérait-elle le régime militaire égyptien actuel comme propice à accueillir ces opposants ? (...)

Les militants arrêtés fin janvier affirment que les policiers ont reçu l’ordre de les contrôler d’un coup de téléphone. Un signe, pour la chercheuse Françoise Clément, d’une collusion entre l’ambassade, dont le personnel connait bien ces militants, et les services de la préfecture.