
Les agrocarburants (ou biocarburants de 1ère génération) ont bénéficié depuis des années du soutien sans borne des pouvoirs publics. Présentés pendant un temps, en Europe et en France, comme une solution face aux défis du changement climatique et de la dépendance énergétique, ils apparaissent dorénavant en perte de crédibilité.
Les études scientifiques se sont multipliées, montrant que les agrocarburants, produits à base de matières premières alimentaires sont une “fausse bonne idée ”pour le climat. En fait, la prise en compte de ce qu’on appelle “changement d’affectation des sols indirects” (CASI), comme suggéré par la Commission européenne, change la donne. Dans cette configuration, le biodiesel émet plus de gaz à effet de serre que le diesel fossile… Le biodiesel français est produit notamment à base d’huile de colza produite en France. Mais l’huile de colza utilisée pour fabriquer du
carburant doit être remplacée sur le marché alimentaire par de l’huile de palme ou de soja… importés de régions où il faut pratiquer une déforestation massive pour les cultiver, Indonésie, Amazonie… et qui
dit déforestation dit émissions massives de CO2…
Et, aujourd’hui, la preuve est faite qu’ils sont aussi au centre d’un scandale pour les finances publiques ! (...)
En annonçant le renouvellement des agréments jusqu’à fin 2015, M. Ayrault fait un joli cadeau aux producteurs d’agrocarburants français. En effet, le soutien public aux agrocarburants (obligation d’incorporation par les distributeurs et exonération fiscale partielle) est conditionné à l’obtention d’un agrément par le producteur. Ces agréments ont été délivrés pour une durée maximale de 6 ans, entre 2007 et 2009 : ce qui signifie qu’ils arrivent tous à échéance entre 2013 et 2015. Pour le biodiesel, qui représente les 3/4 des volumes agréés, la défiscalisation est aujourd’hui fixée à 8 centimes par litre, soit un coût brut total de près de 250 millions d’euros pour le budget de l’État en 2012.
250 millions d’euros pour le biodiesel… Une “paille” en période de crise financière, où l’ombre de l’austérité plane sur les finances publiques… (...)