
Et là, est-ce que tu commences à bien la sentir, la main invisible du marché ? Est-ce que tu la sens bien, son étreinte implacable qui t’a choppé par les balloches et qui te broie, continuellement, inexorablement, jusqu’à ce que tu mettes genou à terre, jusqu’à ce que tu ploies l’échine, jusqu’à ce que tu ne sois plus rien qu’un grand cri de douleur ?
Une crise, c’est un événement soudain et imprévu, assez violent, et bien délimité dans le temps, avec au moins un début assez marqué, souvent une dégradation fulgurante et un dénouement violent. Or là, nous vivons juste dans un état permanent de crise. (...)
"La Crise", c’est l’état normal de la marche du monde pratiquement depuis que je suis née. Je ne me souviens pas avoir vécu autre chose que "La Crise" et mon tout premier souvenir, c’est celui de "La Crise" : le soir où mon père est rentré du boulot avec une 4L à la place de la grande Commodore familiale.
C’était il y a un peu plus de 35 ans.
(...)
"La Crise" que l’on nous ressert jour après jour comme un vieux reste exhumé bien trop de fois de son tupperware pour rester vaguement comestible a ceci de particulier qu’elle frappe durement les pauvres, qu’elle érode lentement mais sûrement les capacités natatoires de la fameuse classe moyenne qui surnage entre deux eaux et qu’elle profite au-delà de toute proportion à un groupe de plus en plus restreint de personnes très riches, très puissantes et très intouchables.
Et ce n’est pas le énième faux plan de sauvetage de la Merkozy en délire qui va changer quoi que ce soit à la donne.
Bien au contraire !
(...)
la seule chose qu’ils relancent c’est la vitesse avec laquelle les inégalités se creusent et que la situation se dégrade. Parce que là est le point intéressant : la situation ne cesse de se dégrader, non par la grâce d’une quelconque loi économique implacable et indépassable, mais uniquement par la volonté des instances décisionnelles réelles mondiales. (...)
Chaque Crise n’est jamais que l’accélération brutale et préméditée d’un processus entamé depuis quelques décennies, un processus volontaire et conscient qui consiste à refermer la parenthèse maudite des droits des peuples nés du traumatisme de l’après-guerre. Ce n’est même pas moi qui le dis.
L’objet de La Crise, comme processus économique conscient, constant et entretenu par des politiques qui ne relancent rien parce qu’elles ne sont qu’aggravantes, l’objectif ultime de cet état de choc permanent, c’est la disparition de la classe moyenne mondiale et la liquidation de la population surnuméraire.
(...)
toute politique visant à réduire encore un peu plus les moyens de subsistance d’une partie de plus en plus importante de la population mondiale est une politique délibérée de paupérisation à grande échelle, une politique de création artificielle d’inégalités insupportables, une politique de confiscation des ressources du plus grand nombre pour le profit de quelques-uns.
Ceci n’est pas une putain de crise. Ceci est le bout du chemin. Ceci est le rétablissement d’une société féodale, où la loi du plus fort, du plus riche écrase tous les autres. Ceci est la négation de tout ce que les peuples avaient construit et gagné depuis seulement 60 ans. Ceci est la fin du Contrat social. Ceci est une fin de civilisation. (...)
Ceci est leur réponse, leur solution, à la seule véritable crise actuelle : la crise écologique.
(...)