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Amnesty International
EN ESPAGNE, LE DROIT À LA SANTÉ DANS LE VISEUR DE L’AUSTÉRITÉ
Article mis en ligne le 26 avril 2018

Des listes d’attentes interminables, des patients forcés de rationner leurs médicaments pour faire des économies... Les mesures d’austérité mises en œuvre par le gouvernement espagnol ont des conséquences dévastatrices pour les personnes les plus fragiles.

(...) Les mesures d’austérité adoptées par l’Espagne sont absolument incompatibles avec les obligations du gouvernement liées au respect du droit à la santé. Nous avons parlé avec des patients atteints d’un cancer, qui n’ont pas les moyens de se procurer les médicaments dont ils ont besoin pour atténuer les effets secondaires de la chimiothérapie, et avec des personnes souffrant de troubles mentaux, qui ont vu les aides qu’ils recevaient brutalement supprimées. Ces réductions des dépenses ne sont pas simplement rétrogrades, elles sont aussi cruelles (...)

Nous nous sommes entretenus avec des centaines d’ usagers du système national de santé espagnol (SNS), des professionnels de santé et des experts en santé publique.

Les soins de santé ont été affectés [par l’austérité] pour les personnes les plus fragiles, et pour celles présentant un risque majoré. C’est d’une cruauté presque insupportable.

Un médecin

LES PLUS FRAGILISÉS DIRECTEMENT TOUCHÉS
Depuis le lancement du plan d’austérité, de nombreuses personnes atteintes de problèmes de santé chroniques ont du mal à payer des médicaments qui étaient autrefois gratuits. Même si les sommes en jeu peuvent ne pas paraître élevées, ces dépenses supplémentaires ont des effets catastrophiques pour les personnes à faibles revenus.

Des personnes ont indiqué que ce sont à présent leurs proches qui payent leurs soins de santé, et d’autres qu’elles ont été obligées de faire un choix pour ne retenir que les médicaments dont elles avaient le plus besoin. (...)

UNE ATTENTE DE PLUS EN PLUS LONGUE... ET INQUIÉTANTE

Les listes d’attente de plus en plus longues pour l’accès aux soins de santé sont aussi un problème crucial qui a été pointé à chaque fois lors des entretiens, y compris par les experts, les professionnels de santé et les utilisateurs du système de santé. En 2010, le temps d’attente moyen pour une intervention chirurgicale non urgente était de 65 jours ; en 2016 il avait presque doublé, passant à 115 jours. (...)

L’ESPAGNE MANQUE À SES OBLIGATIONS
Compte tenu des dangers liés à l’austérité, des organes internationaux de défense des droits humains ont établi des lignes directrices pour que les mesures d’austérité n’aillent pas à l’encontre des obligations des États en matière de droits humains.

Le gouvernement espagnol n’a pas respecté ces lignes directrices internationales, notamment pour les raisons suivantes :

 aucune évaluation de l’impact sur les droits humains n’a été menée en amont de la mise en œuvre des mesures d’austérité, et les niveaux de participation et de consultation concernant les modalités de leur mise en œuvre ont été insuffisants ;

 les mesures d’austérité ont des effets disproportionnés sur les populations marginalisées ;

 les solutions de remplacement envisageables n’ont pas toutes été étudiées ;

 un grand nombre des modifications apportées au système de santé, notamment avec le DLR 16/2012, sont toujours en vigueur, alors que les lignes directrices prévoient que les mesures d’austérité doivent être temporaires.