
Si la répression des mouvements sociaux n’est pas un fait récent au Mexique, on assiste ces dernières années à une recrudescence de la violence et à une répression systématique des revendications de la société civile se traduisant en la stigmatisation des travailleurs sociaux, des organisations de défense des Droits de l’Homme, des journalistes et autres militants politiques.
Le 2 octobre 2013 comme chaque année à Mexico, des milliers de mexicains descendirent dans la rue pour commémorer le massacre étudiant de Tlatelolco en 1968.
Parmi les manifestants, des collectifs étudiants, des travailleurs sociaux, des organisations de défense des Droits de l’Homme et des journalistes revendiquant, à 45 ans du massacre, la fin de l’impunité et que soit enfin jugés les responsables de la tuerie de Tlatelolco ; mais souhaitant aussi dénoncer la constante et violente répression des mouvements de revendications sociales dans le pays.
Dans ce contexte tendu, la commémoration encadrée par un important dispositif policier a rapidement dégénérée et s’est muée en un affrontement entre les manifestants et les forces de police. (...)
Depuis les années 2000, le Mexique a adopté la politique de sécurité publique dite « de la tolérance 0 », inspirée des politiques sécuritaires de l’ancien maire new yorkais Rudolf Giuliani, et d’un point de vue idéologique d’un Think Tank d’obédience néolibérale et conservatrice, l’Institut Manhattan.
Au Mexique, l’initiative de la « tolérance 0 » incombe à l’homme d’affaire multimilliardaire Carlos Slim et représente ainsi l’implication de l’élite néolibérale et conservatrice du pays et l’appui du grand patronat dans la mise en place de politiques publiques. Au sein du contexte mexicain, la sécurité publique représente avant tout « une chasse au pauvre », le musèlement de la jeunesse et la restriction totale du dialogue social tout en omettant les poursuites vis-à-vis, entre autres, de la corruption ou de la malversation de fonds publics (...)
Actuellement, malgré le fait que le Mexique ait ratifié toutes les conventions internationales relatives à la défense des droits de l’homme et entrepris depuis 2008 une réforme de son système pénal et judiciaire, la situation du respect des droits de l’homme devient chaque jour plus préoccupante. La politique de la tolérance 0 génère à la fois une criminalisation de la petite délinquance, légalise la répression violente des mouvements sociaux par les forces de police et favorise l’emprisonnent politique. Le contexte d’impunité, la faiblesse et le manque de volonté des institutions favorisent quant à elles un climat de violence, où la pratique de la torture, les détentions arbitraires et les arrestations extrajudiciaires restent de mise. (...)