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Des retraités « inquiets » des conditions de vie indignes en Ehpad s’engagent auprès des soignants en lutte
Article mis en ligne le 14 juin 2019

Le gouvernement a annoncé une loi sur la dépendance et le « grand âge » pour l’automne. En attendant, le sort des soignants ne s’est en rien amélioré dans les maisons de retraites. Ceux-ci bénéficient d’un soutien inédit : des retraités, via leurs syndicats, se joignent aux travailleurs des établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) pour dénoncer les réductions d’effectifs, le niveau des salaires, et demander des moyens dignes pour les maisons de retraite. Parce qu’il’« il y a des professions où les conditions de vie des gens dépendent des conditions de travail des personnels. Et parce que les Ehpad, c’est notre avenir à nous aussi. »

Du personnel en sous-effectif constant, une prise en charge des résidents qui se dégrade en conséquence… La situation dans les maisons de retraite, les « établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » (Ehpad), est devenue tellement mauvaise que les personnels du secteur se mobilisent au sein d’une large intersyndicale. Début 2018, ils font grève, dans tout le pays. Les soignants sont soutenus par les directeurs des établissements, qui tirent aux aussi la sonnette d’alarme. (...)

« Nous sommes de futurs usagers, directement concernés, et il y a de quoi être inquiets »

« Nous nous sommes aperçus que que chacun d’entre nous, chacun dans son syndicat, avions un parent ou un conjoint en Ehpad. Nous avons constaté que partout, il y avait de gros problèmes, que le personnel se réduit de plus en plus, explique Philippe Damoiseau, ancien garde-champêtre, membre de la section retraités de Sud. Là où est ma mère, par exemple, il y a 80 résidents, dont la moitié ne peuvent pas se déplacer. Pourtant, la nuit, il n’y a que deux personnes qui y travaillent. »

« Nous sommes directement concernés, et il y a de quoi être inquiets. Le personnel est débordé, c’est mauvais pour tout le monde. La question des moyens accordés aux Ehpad est au cœur du problème », ajoute Jean-Pierre Floret, de la CGT retraités. (...)

Des salaires d’aides-soignantes encore plus bas dans les maisons de retraite privées

Le rapport Libault préconise 25 % de taux d’encadrement en plus dans les Ehpad d’ici à 2024. Soit 80 000 emplois supplémentaires dans les cinq ans. Les syndicats demandent 40 000 postes en plus dès 2019. « Le rapport ajoute qu’il faudrait une baisses des effectifs dans les fonctions support : direction, administratif, services techniques, ajoute Malika Berlabi. Mais on a besoin de ces fonctions. Par ailleurs, le rapport ne propose que de revaloriser les salaires de futurs encadrants d’unité de vie des Ehpad. Nous voulons une revalorisation des salaires de toutes les aides-soignantes. Avec l’intersyndicale des retraités, nous avons les mêmes revendications. »

Les représentants syndicaux des travailleurs des Ehpad et ceux des sections de retraités se sont rencontrés en avril. Tous demandent un taux d’encadrement d’au moins 60 soignants pour 100 résidents (ce qui doublerait le taux actuel d’encadrement de soignants), une revalorisation des rémunérations et des perspectives de carrière. Les aides-soignants, aides médico-psychologiques et assistantes de soins – qui représentent 41 % des soignants en Ehpad – gagnent actuellement autour de 1500 euros bruts par mois en moyenne. Les agents de service hospitalier (près d’un tiers des effectifs, qui ne sont pas des personnels soignants) et gagnent encore moins.

Les salaires des aides-soignantes et des agents de service hospitalier sont encore plus bas dans les maisons de retraites privées que dans les publiques. Contrairement aux salaires des médecins, plus importants dans les Ehpad à but lucratifs que dans le public [2]. « Il y a une grande précarité des emploi, avec des CDD à outrance, et énormément de vacataires, surtout dans le secteur privé, précise Malika Berlabi. Le turnover est très important, ce qui n’est pas du tout sécurisant pour les résidents ».