
Résoudre la faim dans le monde, réduire les herbicides, lutter contre les ravageurs : le débat sur les OGM transgéniques s’est toujours déroulé sur fond de promesses salvatrices. Aucune d’entre elles n’a été tenue. Inventaire.
Argument bidon n°1 : Les OGM vont résoudre la faim dans le monde (...)
Si l’on regarde les caractéristiques principales des plantes transgéniques actuellement cultivées dans le monde, il ressort que 99 % sont des plantes « pesticides » [2]. Concrètement, ces plantes ont été conçues soit pour tolérer certains herbicides, soit pour produire elles-mêmes une protéine insecticide – parfois les deux caractéristiques à la fois.
Ainsi, aux États-Unis, premier producteur mondial d’OGM avec 75 millions d’hectares, 90 % des maïs, coton, soja, betterave et colza sont tolérants à un herbicide et 80 % des maïs et coton sont, en plus, résistants aux insectes. Bien loin donc des arguments nutritionnels mis en avant par les lobbys OGM. (...)
Argument bidon n°2 : les OGM permettraient de réduire le recours aux pesticides (...)
Dans les champs, c’est tout le contraire qui se produit. « Globalement, l’utilisation de glyphosate a été multipliée par quasiment 15 depuis que les cultures de plantes modifiées génétiquement pour tolérer le glyphosate [...] furent introduites en 1996 », souligne une étude américaine publiée en 2016 [3]. Selon l’étude, les cultures de plantes génétiquement modifiées tolérant les herbicides sont responsables de plus de la moitié des quantités de glyphosate utilisé aux États-Unis. (...)
Pire, les OGM contaminent d’autres plantes qui deviennent elles-mêmes résistantes à certains herbicides. On connaissait une seule plante résistante au glyphosate en 1998. Dix ans plus tard, on en recense 14 espèces. Pour en venir à bout, les agriculteurs ont donc recours à d’autres herbicides en complément du glyphosate, et ont augmenté les quantités d’herbicides appliquées. (...)
En 2011, en France, une expertise menée par l’Inra et le CNRS liste les problèmes environnementaux liés aux variétés végétales tolérantes aux herbicides. Les chercheurs énoncent entre autres des effets sur la biodiversité et une contamination notable des eaux et des sols. Ils soulignent également des lacunes de connaissance en matière de toxicité des herbicides sur la faune ou encore les impacts potentiels sur les insectes pollinisateurs.
Argument bidon n°3 : les insectes ne deviendront pas résistants aux OGM (...)
Les États-Unis concentrent dix cas de résistance sur les seize décrits dans l’étude. (...)
Argument bidon n°4 : Les insecticides OGM ne concernent que les insectes ciblés (...)
De nombreux pays européens ont adopté un moratoire sur la culture du maïs OGM « MON810 », notamment en raison de ces impacts sur les insectes non-cibles. La France a ainsi activé une clause de sauvegarde dès janvier 2008.
Argument bidon n°5 : nouvelles techniques OGM, mais toujours les vieilles promesses non tenues (...)
Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, reprend d’ores et déjà le discours de l’industrie semencière. « La France est favorable à ces nouvelles techniques prometteuses afin de faire face au défi climatique, avec des plantes plus résistantes à la sécheresse, et aussi à la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires », a-t-il ainsi déclaré le 27 février dernier. Oubliant au passage que deux décennies d’expérimentation des OGM démontrent le contraire.