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le Monde
Derrière le Printemps français, l’influence de l’institut Ichtus
Article mis en ligne le 17 avril 2013
dernière modification le 12 avril 2013

Une nébuleuse, plus qu’un collectif. Un label, plus qu’un mouvement. Apparu il y a un mois, à quelques jours de la manifestation du 24 mars contre le « mariage pour tous », le Printemps français intrigue. La dégradation de l’Espace des Blancs-Manteaux (Paris) où se tenait le Printemps des associations de l’Inter-LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) dans la nuit de samedi 6 à dimanche 7 avril, ce sont eux. Le « réveil à l’aube » de la sénatrice UDI Chantal Jouanno, favorable à la loi Taubira, encore eux.

(...) M.Darantière et Mme Bourges gravitent dans la sphère d’Ichtus, un institut catholique traditionaliste, héritier de la Cité catholique, un mouvement d’extrême droite, « contre-révolutionnaire », qui connut une certaine influence dans les années1950 et 1960. La Cité catholique se vit à l’époque « comme une école de cadres catholiques, ayant pour but d’éclairer, de susciter, d’animer, tout ce qui peut tendre à promouvoir une renaissance authentiquement française –donc catholique – dans l’ordre temporel », explique Marie-Monique Robin dans son enquête, Escadrons de la mort, l’école française (La Découverte, 2004). (...)

Le 13 octobre 2012, elle est l’une des intervenantes du colloque « Catholiques en action », organisé par Ichtus au lycée Saint-Jean-de-Passy, à Paris. « Les élections ont consacré la mainmise totale de la “subversion permanente” sur tous les pouvoirs politiques, dit la plaquette d’invitation. Il faudra donc, dans les prochains mois, intervenir sur tous les fronts : familles, écoles, communes, partis politiques, médias. (…) Un ravaudage électoral ne suffira pas. »

De son côté, Philippe Darantière, cet ancien militaire, est un familier des universités d’été d’Ichtus. L’une de ses interventions, « Pour une action politique catholique », fait toujours partie des DVD de formation de l’Institut.

L’expression « Printemps français » a été évoquée pour la première fois par Jacques Tremolet de Villers. Début février, il écrit dans Présent, le quotidien des catholiques traditionalistes proches de l’extrême droite, à propos de la mobilisation en cours contre le mariage gay : « Si on se faisait, en France, en 2013, un “printemps français” ? Comme d’autres se sont fait un “printemps arabe” ! C’est ça qui serait vraiment déroutant, neuf… la vraie surprise, l’incroyable ? » Cet avocat, qui a assuré la défense du milicien Paul Touvier, a été formé par l’Action française, comme le fut son maître, Jean Ousset, fondateur de la Cité catholique. C’est M. Tremolet de Villiers qui a fondé Ichtus pour prolonger l’œuvre de M.Ousset.
(...)

L’un des avantages du « spontanéisme » du Printemps français est que les mouvements peuvent s’y agréger, y pousser des pions et prendre date. C’est le cas du Bloc identitaire (BI). Ce parti d’extrême droite radicale n’est pas totalement éloigné de l’extrême droite catholique. Un de leurs compagnons de route, l’avocat Frédéric Pichon, y est très actif.

Si Philippe Vardon, l’un des dirigeants du BI, affirme « ne pas avoir de rôle direct » dans le Printemps français, mais ne nie pas que ses troupes « participent à tout ce qui se fait. Nous sommes en première ligne. On essaye d’être utile et de donner un coup de main. » C’est aussi l’occasion de prendre langue avec des militants qui se radicalisent, issus d’autres organisations, comme l’UNI (association étudiante proche de l’UMP, tendance « dure »). (...)