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Dérèglement climatique : « nous voulons une parité décisionnelle »
Article mis en ligne le 27 novembre 2015

Parce que les femmes sont les premières victimes du dérèglement climatique, plusieurs instances politiques et associations appellent à des engagements concrets en faveur de l’égalité lors de l’Accord de Paris. Entretien avec Yveline Nicolas, membre du groupe Genre et justice climatique.

Le lien entre les femmes et le dérèglement climatique n’est pas une évidence. Pouvez-vous l’expliquer ?

Le dérèglement climatique – dû à l’utilisation des énergies fossiles pour alimenter la croissance des pays occidentaux depuis la révolution industrielle – renvoie directement à notre modèle de développement économique, à nos choix de production et de consommation, à notre culture et à nos modes de vie. Une analyse genrée de ces questions est pertinente. Prenons l’exemple des transports ou de l’alimentation : les femmes utilisent plus que les hommes les transports en commun – elles sont d’ailleurs moins propriétaires de voitures – et mangent moins de viande, elles ont donc une empreinte écologique en moyenne plus faible.

Mais surtout, partout dans le monde les femmes constituent une part majoritaire des personnes précaires et en situation de pauvreté. La crise écologique et la montée des inégalités se cumulent. Ici, parce que les femmes les plus pauvres, en familles monoparentales souvent, vivent dans des logements précaires, elles sont touchées de façon spécifique par la pauvreté énergétique. Dans les pays du Sud, leur survie, notamment en milieu rural, est directement liée à l’environnement : eau, bois de chauffe, plantes, alimentation, accès à la terre…. Quand elles doivent aller chercher l’eau encore plus loin, quand le bois se fait rare, leurs conditions de vie se dégradent. La désertification, les variations de climat, les inondations les touchent particulièrement.

Plus globalement et sur le plan politique, rappelons que les féministes ont historiquement fait le lien entre le système d’exploitation de la nature, le capitalisme et le patriarcat. Ces analyses restent tout à fait d’actualité. (...)

Nous voulons que l’égalité femmes-hommes et les droits des femmes figurent de façon transversale – comme les droits humains en général – dans l’ensemble de l’accord qui doit être adopté à la COP21. Nous attirons l’attention sur l’importance de prendre en compte les associations de femmes engagées sur le terrain (production alimentaire, agro-écologie, énergie, gestion des déchets, travail sur la santé environnementale…) : elles ont des pratiques spécifiques, une expertise citoyenne qui doit être prise en compte pour la transition énergétique. (...)

Il faut maintenir la pression et se placer dans une perspective de long terme. Il faut être vigilantes sur les régressions, qui guettent en permanence les droits des femmes – lesquels sont souvent pris en otage dans les marchandages des négociations internationales. Et quand même, on se réjouit de voir que nos analyses, nos textes analysant les enjeux genre et climat soient repris par des décideurs, des élu.e.s etc. Reste à ce qu’ils s’engagent vraiment dans la mise en œuvre, la prise en compte effective d’une approche de genre et le soutien aux groupes et organisations de femmes dans le monde entier. (...)

Un rééquilibrage entre la sphère marchande, de consommation et la sphère d’utilité sociale pourrait avoir un impact doublement favorable : diminution de la consommation d’énergie et de ressources non renouvelables, amélioration de l’articulation des temps de vie et développement d’activités économiques soutenables et relocalisées, telle que l’économie solidaire où les femmes sont très présentes.