 
	Des cadavres de dromadaires pourrissent aux abords des camps de fortune établis dans la région éthiopienne asséchée de Somali. Leurs propriétaires, des éleveurs autrefois fiers de leur autonomie, font appel à l’aide du gouvernement pour rester en vie.
En Éthiopie, la sécheresse est si grave que les gardiens de troupeaux nomades, les plus endurcis des survivants, sont au bord du gouffre. Ceux qui ont de la chance reçoivent des denrées alimentaires et de l’eau saumâtre, mais la majorité des nomades, qui se sont installés dans des campements improvisés dans les zones les plus reculées, doivent se débrouiller seuls.
« On appelle cette sécheresse la “sima”. Cela veut dire “tout le monde est affecté”. Je n’ai jamais entendu parler d’une sécheresse comme celle-ci, même quand j’étais enfant », a dit Abdu Karim, 82 ans.
Les habitants de la Corne de l’Afrique sont en difficulté après trois années successives presque sans pluie. En Somalie et au Yémen, la famine est une crainte réelle. Si la région isolée du sud de l’Éthiopie a été épargnée par les combats qui ont aggravé la crise qui affecte ses voisins, la sécheresse n’en a pas été moins brutale. « Après avoir perdu la majorité de leur bétail, ils ont aussi dépensé l’argent qu’ils avaient mis de côté pour maintenir en vie les quelques animaux qu’il leur restait », a expliqué Charlie Mason, directeur humanitaire de Save the Children. « Pour ceux qui ont tout perdu, il n’y a plus rien d’autre à faire que de se rendre jusqu’à un site d’assistance mis en place par le gouvernement pour obtenir de la nourriture et de l’eau ». (...)
Cette année, l’appel de fonds lancé pour venir en aide aux 5,6 millions de personnes affectées par la sécheresse, principalement dans le sud et l’est du pays, s’élève à 948 millions de dollars. À ce jour, seulement 23,7 millions de dollars ont été reçus.
« L’action lancée par le gouvernement l’année dernière était assez remarquable », a dit Edward Brown, directeur de World Vision en Éthiopie. « Nous avons évité la catastrophe. Mais aujourd’hui, les déficits de financement sont plus importants des deux côtés. La capacité des Nations Unies est limitée dans la quête de grands bailleurs de fonds — les États-Unis parlent déjà de réduire l’aide extérieure ». (...)
