
Les problèmes écologiques globaux demandent des prises de décision parfois éloignées des processus démocratiques locaux....
...Les élus sont les représentants d’un territoire et doivent en défendre les intérêts. Les problèmes d’environnement sont en revanche au moins transfrontaliers et régionaux, quand ce n’est pas globaux, comme c’est le cas pour le changement de la composition chimique de l’atmosphère....
...La seconde raison qui touche notre organisation démocratique est d’ordre temporel. La structuration même des grands problèmes environnementaux appelle une action anticipée. Ils présentent une grande inertie et engendrent des conséquences dommageables irréversibles à notre échelle. Dès lors, il n’est d’autre façon de lutter contre eux que de chercher à réduire leurs causes avant qu’ils ne se manifestent totalement....
...Dans les deux cas, il convient d’agir en heurtant certains modes de vie avant que se manifeste le moindre dommage. Autant dire qu’il s’agit d’une injonction démocratiquement périlleuse. Le jeu majorité / opposition, consubstantiel à la démocratie, et la proximité des échéances électorales constituent une redoutable machine à broyer les considérations de long terme, ainsi que l’approche un tant soit peu distanciée et analytique des problèmes. Ils passent tous au crible de l’esprit partisan et sont ipso facto transformés en armes pour prendre le pouvoir ou s’y maintenir.
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...Les élus reviennent régulièrement devant les électeurs car ces derniers sont in fine les seuls juges du bienfondé des politiques publiques. Qui mieux que moi peut en effet mesurer mon propre degré de bien-être ou au contraire de souffrance sociale ? Or, cette capacité propre à chaque citoyen d’appréhender par lui-même sa situation et ses intérêts, et au-delà celle et ceux d’autrui, ne joue pas en matière d’environnement....
...La diminution des flux d’énergie et de matières qui sous-tendent nos activités économiques ne saurait être obtenue sans un changement de nos modes de production, et plus encore de consommation et, par conséquent, sans un changement des modes de vie. Or, nos démocraties sont au contraire organisées pour permettre aux citoyens de produire et de consommer le plus possible. De façon générale, sans croissance de leur PIB, nos sociétés sont très probablement appelées à se déliter....
...Les institutions représentatives sont ainsi incapables de faire face aux grands problèmes d’environnemement. Pour autant, les problèmes pour lesquels elles ont néanmoins été conçues restent d’actualité. Tant le refus des abus de pouvoir que la recherche d’un bien-être général demeurent des objectifs essentiels. Il ne saurait donc être question de renoncer à la démocratie représentative....